La France interpelée pour restituer la clé et les étendards de Laghouat

Clé de Laghouat

Il ne fait plus aucun doute que ceux qui sont en mesure de faire avancer les relations algéro-françaises sont les historiens. Et le travail que font certains, à l’instar de Benjamin Stora, l’architecte de la nouvelle réconciliation entre les deux pays, est, à plus d’un titre, admirable. Voici donc une nouvelle initiative de son groupe : demander la restitution de « la clé et les étendards » de Laghouat. Une demande qui, si elle vient à être satisfaite, revêtira un intérêt hautement symbolique.

L’histoire rattachée à cette demande est, pour rappel, terrible. Elle remonte à 1852 quand l’armée française a massacré plus des deux tiers des habitants de la ville de Laghouat. Et ce sont la clé de la ville que et les étendards des résistants que ce collectif d’historiens, dont  fait partie Benjamin Stora, et de militants demandent aux autorités françaises. « Les années passées ont vu se développer à la fois la connaissance de l’histoire commune (colonisation, guerre de libération nationale) et des actes consolidant cette évolution, laquelle doit perdurer », a écrit ledit collectif dans une tribune publiée par Le Monde. Et d'ajouter : « Près de 61 ans après l’indépendance de l’Algérie, des actes, si symboliques soient-ils, peuvent en effet largement contribuer à renforcer l’amitié entre nos deux peuples, si proches dans bien des domaines ».

Un « crime de guerre » qui a coûté la vie 2500 Laghouatis

Le collectif a rappelé qu’en 1852, « pour écraser un soulèvement, l’armée coloniale française, forte de 6000 hommes et sous le commandement de trois généraux […], assiège une ville du Sud algérien, Laghouat ». « La bataille commence le 21 novembre. Le 4 décembre, Laghouat est prise d’assaut. Les massacres durent plusieurs jours et n’épargnent personne : les combattants, les femmes, les enfants, les vieillards. Plus des deux tiers des habitants périssent dans des conditions insoutenables. Les estimations font état de 2500 morts », rappelle encore le Collectif. La prise de la ville sera fêtée à Paris, et les étendards des résistants sont exposés en la cathédrale Saint-Louis des Invalides. Pélissier, l’un des trois généraux qui ont mené l’assaut, rapporte un trophée : une clé de la ville.

Ce « crime de guerre », déplore le collectif en question, est resté dans la mémoire collective des Laghouatis sous le nom de « Am El-Khalia (fr. l’année de l’anéantissement) ». La clé et les étendards sont propriété du Musée de l’armée. « Nous faisons nôtre cette initiative. Nous nous engageons à faire connaître ce crime de guerre. Notamment en proposant à la Ville de Paris d’installer une plaque commémorative et explicative rue de Laghouat, dans le 18e arrondissement de Paris », concluent les signataires de la tribune.

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