La question de la mémoire reste un sujet brûlant entre l'Algérie et la France, 60 ans après l'indépendance de l'Algérie. Pour preuve, le chef de l'État algérien Abdelmadjid Tebboune est à nouveau revenu sur la question le 6 juillet dernier lors de sa réception à Alger de l'historien français Benjamin Stora à l'occasion des festivités du 5 juillet.
Entre la France et l'Algérie, les relations sont souvent évoquées en se référant au dossier de la mémoire entre les deux pays. Pour de nombreux observateurs, l'apaisement des relations entre l'Algérie et la France est tributaire d'un travail de mémoire commun loin de tout calcul des deux côtés. Mais 60 années après la fin de la présence française en Algérie, cette question n'est toujours pas réglée.
En recevant, le 6 juillet dernier à Alger, l'historien français Benjamin Stora à l'occasion des festivités du 60e anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie1, le chef de l'État Abdelmadjid Tebboune a à nouveau évoqué la question de la mémoire entre l'Algérie et la France. À cette occasion, Benjamin Stora a remis à Abdelmadjid Tebboune un message écrit du président français Emmanuel Macron.
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Dans sa lettre à Tebboune, Macron a notamment annoncé sa prochaine visite en Algérie2. D'autre part, la rencontre entre Abdelmadjid Tebboune et Benjamin Stora a été une occasion pour le chef de l'État algérien d'aborder la colonisation française de l'Algérie et de proposer « un travail de mémoire commun » entre les deux pays. C'est ce que révèle en effet Benjamin Stora dans un entretien accordé à l'AFP.
Ce que propose Tebboune à la France sur la question de la mémoire
L'historien français, auteur du rapport « la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie »3, remis en janvier 2021 à Emmanuel Macron, a indiqué à l'AFP que « c'est la première fois qu'il y avait une discussion au fond côté algérien sur ces questions mémorielles depuis la publication du rapport ».
Benjamin Stora, qui note « un changement de ton » entre Alger et Paris après une période de crispation, a révélé qu'Abdelmadjid Tebboune lui a expliqué « l'importance majeure d'un travail de mémoire sur toute la période de la colonisation, au-delà de la seule guerre d'Algérie (1954-1962) ».
Une vision que Benjamin Stora dit « partager », en rappelant que « la guerre de conquête a été très longue et très meurtrière. Elle a duré pratiquement un demi-siècle, de 1830 à 1871 ». Pour Benjamin Stora aussi, le travail de la mémoire ne devra pas être circonscrit à la période de la guerre d'Algérie. « En Algérie, l'accent a été mis essentiellement sur la guerre de libération nationale. Il y a eu en France comme en Algérie une polarisation extrême sur l'unique séquence de la guerre et même de la fin de la guerre, les années 1960 à 1962 », affirme-t-il.
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