La France des rêves peut aussi en briser, et de bien beaux, de surcroit. Ouahiba M’Barki, une jeune Marocaine de 19 ans, risque de l’expérimenter à ses dépens. Elle est pourtant brillante, avec 18 de moyenne, elle est sommée de quitter le territoire français.
« Là-bas, tu pourras réaliser tes ambitions sans avoir aucune complication. Tu pourras exercer ton métier. Ici, non », lui disait son père. Et ce fut la naissance du rêve de Ouahiba, prête à tous les sacrifices. En 2019, elle débarque avec une partie de sa famille, un visa touristique en poche. « Je m’étais toujours dit que la France devait être splendide », confie-t-il. Et c’est sûrement vrai, si ce n’était une administration mille fois traitée d’« inhumaine ». Une administration qui va chercher des médecins, déjà formés, au Maghreb et ailleurs, et qui dissuade ceux qui veulent se former en France de le faire. Car Ouahiba rêve justement de devenir médecin. Mieux encore : chirurgienne.
Quand Ouahiba a foulé la terre française pour la première fois, elle n’avait que 16 ans. Mais vite, elle se rend compte à quel point c’est compliqué d’être étrangère en France. Au lycée Paul-Éluard de Saint-Denis, à défaut d’une bonne maîtrise de la langue – qu’elle a fini par acquérir –, elle est orientée dans une classe pour les élèves en décrochage scolaire. Et ce fut une première déception. Ouahiba fit alors les efforts nécessaires et se vit réaliser des résultats admirables. « La seule chose qui me rendait heureuse, c’étaient mes notes : 16/20 au premier semestre, 18/20 au second », confie-t-elle au journal L’Humanité. « Face à l’incohérence de la situation, l’administration la réoriente en seconde générale au lycée Paul-Éluard. Et c’est là qu'on l’encourage à solliciter un titre de séjour », écrit le même journal.
Sous OQTF, Ouahiba M’Barki a le soutien de tout son lycée
Elle fait sa première demande en avril 2021. Celle-ci est archivée sous le motif de « manque de documents ». En avril 2022, elle en fit une deuxième, mais tout ce qu’elle reçoit, c’est une lettre de la préfecture l’obligeant à quitter le territoire français. Elle aurait abandonné, si ce n’était le soutien de ses professeurs. Elle a également le soutien sans faille des autres élèves.
Un mouvement est vite organisé à la faveur de la jeune fille. Un rassemblement a eu lieu dans une salle des mariages qui ne tarda pas à se remplir. Mathieu Cohen Granval, professeur de mathématiques et du collectif Resf, explique combien il est admiratif « de ces élèves, tout comme Ouahiba, adultes avant l’heure, qui gèrent déjà les papiers administratifs de leurs parents ». D’autres témoignages d'enseignants et élèves s’ensuivirent. Tous ont loué les qualités insoupçonnables de la jeune élève. Dans le mégaphone, Mona Rhalies crache sa colère. « Le droit à l’éducation doit primer sur les politiques de répression migratoire ! » tacle-t-elle.