C'est une décision pour le moins inattendue que le ministère algérien de la Culture et des Arts vient de prendre. En effet, dans une note publiée sur sa page Facebook, le département de Soraya Mouloudji a assuré qu'une directive a été communiquée à tous les responsables du secteur. L'objet : l'interdiction de toute programmation et diffusion de chansons vulgaires lors des manifestations culturelles officielles.
Ainsi, lors des manifestations dites « officielles », les responsables algériens de la culture doivent faire attention à ne pas avoir au menu des chansons dont les paroles sont contraires aux « bonnes mœurs » et qui, selon la note du ministère, peuvent constituer un « outrage public à la pudeur ».
« Cette directive vient suite à la multiplication des abus immoraux dans les paroles de quelques chansons algériennes enregistrées et diffusées anarchiquement et qui sont à même de nuire aux valeurs morales de diverses catégories sociales, notamment les jeunes », écrit le ministère de la Culture. Le département de Soraya Mouloudji a, dans son argumentaire, indiqué que ces mêmes chansons sont responsables de « la diffusion de violence et la criminalité », et ce « dans la rue, au sein de la famille ou encore dans le milieu scolaire et universitaire ». Aussi, ajoute le même ministère, « ces chansons incitent à la consommation de drogues et encouragent l'émigration clandestine ».
Atteinte à la « pudeur » dans les chansons : ce que risquent les artistes
Rappelant que la loi algérienne réprime « toute atteinte à la morale publique, aux constantes, aux principes et aux valeurs qui expriment notre identité », le département de Soraya Mouloudji assure combattre tout ce qui « porte atteinte aux valeurs et aux principes de la société algérienne ».
À noter que le ministère de la Culture et des Arts, dans sa directive, n'a pas adopté un ton tendre. En effet, il a appelé tous les responsables du secteur à appliquer « scrupuleusement » ses consignes. Et pour les artistes qui s'aviseraient à les transgresser, des sanctions, et pas des moindres, sont prévues. Il s'agit, entre autres, du retrait de la carte de l'artiste.
Sur la toile, les avis des internautes, qui sont nombreux à réagir à cette directive ministérielle, sont plutôt extrêmes. Au moment où les uns ont salué l'initiative, assurant qu'il « était temps que cesse la vulgarité », d'autres la considèrent comme une atteinte à la liberté d'expression. « La chanson algérienne a toujours eu ce côté vulgaire, mais charmant, qui est l'une de ses spécificités. On s'y est bien habitué. À quoi ça peut servir de vouloir la réformer ? » s'est interrogé un internaute.