Immigration : Pire que la prison, les CRA

Parmi les points les plus discutés dans le cadre du débat sur l’immigration, figurent les CRA : les centres de rétention administrative. Dénoncés depuis longtemps, ces centres font même l’objet de plusieurs contestations de rue. C’est dire à quel point ils peuvent être « inhumains ». C’est pire que la prison, jugent certains.

Pour mieux illustrer la mauvaise réputation des CRA, rappelons que tout un collectif est dédié à une lutte dont l’unique finalité est leur fermeture définitive. Il s’agit de l’Anticra, qui ne veut pas rater l’actuel débat pour faire avancer leur cause. En fait, si leur appellation – contenant le qualificatif « administrative » - peut renvoyer à des lieux plutôt sympas où il fait bon vivre, leur réalité est tout autre.

Mohamed, un Guinéen de 33 ans, pleinement versé dans la lutte contre les CRA après y avoir passé 4 ans, s’insurge en ces termes : « On n'est pas des criminels, nous aussi, on a droit à la liberté, sans centre de rétention ». Ce fut lors d’une manifestation contre le projet de loi immigration, à Marseille, samedi 18 février. Certains se demanderont bien ce que sont ces centres ? En quelques mots, c’est là où sont enfermées des personnes sans-papiers dans l’attente de leur expulsion.

CRA en France : des durées de détention indéterminées

Pour combien de temps ? Un « détenu » n’en saura rien. Et c’est là l’un des aspects que tous ceux qui luttent pour la fermeture des CRA dénoncent le plus. « Quand on entre dans une prison, on sait pour combien de temps et on sait pourquoi. (Mais) quand on rentre dans un centre de rétention, la durée n’est pas définie à l’avance, ni quelle en sera l’issue », a rappelé, à TV5 Monde, Mathilde Buffiere, responsable du service rétention, Groupe SOS Solidarités-Assfam, qui travaille dans différents centres de rétention.

Pourtant, en règle générale, « une personne exilée ne peut être retenue plus de 48 heures dans un centre de rétention ». Mais, rappelle encore la responsable, « cette durée peut être prolongée jusqu'à 90 jours par le juge quand le départ immédiat de l'étranger est impossible ».

Rétention administrative : les pays d'origine compliquent la situation des « détenus »

Notons que lesdits centres de rétention ont été créés pour un seul et unique but : maintenir dans un lieu fermé un étranger qui fait l'objet d'une décision d'éloignement, dans l'attente de son renvoi forcé. C’est en ces mots même que le ministère de l'Intérieur définit leur rôle. Mais voilà que « le renvoi forcé » ne dépend pas uniquement du ministère de l’Intérieur. En effet, il dépend également du pays d’origine de la personne détenue. Si un pays, pour une raison ou une autre, refuse de rapatrier la personne concernée, sa durée de détention peut considérablement augmenter. Ainsi, les périodes de rétention peuvent donc s’allonger bien au-delà des 90 jours.

Aussi, « les détenus ne comprennent pas toujours pourquoi ils sont enfermés », explique Mathilde Buffiere. « Il n’y a pas eu de condamnation de la part d’un juge, comme ce serait le cas en prison. Le motif du placement en rétention est lié au droit au séjour », assure-t-elle. En effet, le motif d’enfermement est bien différent de celui d’un prisonnier. « Mais dans l’ambiance et dans ce qui se passe au quotidien, il y a des rapprochements qu’on peut faire », explique encore Mathilde Buffiere, qui se base sur des témoignages qu’elle a pu recueillir.

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