Les sans-papiers visés par une obligation de quitter le territoire français (OQTF) sont d’abord retenus dans des Centres de rétention administrative (CRA) avant leur expulsion vers leurs pays d’origine. C’est le cas pour les dizaines de migrants clandestins retenus au CRA de Roissy à Paris, dans des conditions lamentables, selon les nombreux témoignages recueillis par des journalistes français lors d’une visite effectuée sur les lieux en compagnie d’un député.
Alors que le débat est lancé en France sur la nouvelle loi sur l'immigration, le député écologiste Julien Bayou a visité récemment, de manière inopinée, le centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot en Seine-et-Marne. Une visite durant laquelle le député s’est fait accompagner de journalistes afin de rendre compte des conditions de vie des sans-papiers qui y sont retenus.
Sur place, le député Julien Bayou s’est entretenu avec des retenus de ce CRA situé à proximité des pistes de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. Un centre qui dispose de 120 places pour hommes. Le CRA permet de détenir, sur décision administrative, des migrants illégaux dans l’attente de leur expulsion. Et si ce n’est pas une prison, ça y ressemble fortement, comme le souligne le site 20 Minutes1, dans un reportage publié ce mardi 27 décembre.
Au milieu d’une cour grillagée très surveillée se trouve la zone d’habitation des retenus. Chaque bloc d’habitation est fermé à clef à la nuit tombée. « On fait l’appel le soir puis on ferme les grilles », explique la commandante de la police aux frontières (PAF) qui gère le site. En revanche, les communications entre chambres restent possibles et il n’est pas rare que des « retenus déplacent les matelas pour se grouper dans une chambre », explique-t-elle.
« C'est la galère, on n’a pas à manger », dénonce un sans-papiers dans un CRA
Les tensions au CRA Mesnil-Amelot sont monnaie courante. En août dernier, une mutinerie a même éclaté2. Des dizaines de retenus se sont rebellés en mettant le feu aux bâtiments et ont tenté de fuir. Selon les responsables de ce CRA, beaucoup de « retenus » sont d’anciens détenus, environ 70 %, selon une estimation policière. Après avoir purgé leur peine, ils sont envoyés en CRA en attendant leur expulsion.
Dans leurs témoignages, les sans-papiers retenus dans ce CRA ont tous dénoncé leurs conditions de vie. Ils ont surtout évoqué la question de l’alimentation. « C’est la galère, on a pas à manger », lance un « retenu » auprès du député Julien Bayou. Avant de poursuivre : « la nourriture, c’est de la merde, on ne veut pas être là ». Certains se plaignent même de ne quasiment pas manger au niveau de ce centre de rétention.
« J’aimerais savoir ce que je fous dans un centre de rétention ? » s’interroge un autre sans-papiers
D’autres ont dénoncé leur transfert au niveau de ce CRA. C’est le cas de Richard, un sans-papiers ivoirien censé être expulsé vers son pays le matin même : « ça fait 40 ans que je suis en France, mes enfants sont Français, ma vie est en France et je me retrouve en CRA. Mes droits sont bafoués ! » s’écria-t-il à l’adresse du député. : « j’aimerais savoir ce que je fous dans un centre de rétention ? » ajoute-t-il.
Le député Julien Bayou entend se servir de cette visite au CRA de Roissy pour peser sur le contenu du nouveau projet de loi immigration. « Tout ce système n’est qu’une machinerie administrative idiote et débile quand la plupart de ces personnes ne demandent qu’à pouvoir s’intégrer, travailler, être régularisées et pouvoir contribuer à la vie du pays », affirme-t-il. « La plupart de ces personnes sont parfaitement innocentes. Elles ne sont illégales qu’au regard de leur situation administrative », ajoute le député écologiste.
Récit par le journaliste @MonsieurKo du contrôle inopiné fait au Centre de rétention administrative du Mesnil Amelot:
« La plupart de ces personnes sont parfaitement innocentes. Elles ne sont illégales qu’au regard de leur situation administrative. »https://t.co/ur7cLmwvlf— Julien Bayou (@julienbayou) December 27, 2022
Loi sur l’immigration : Au centre de rétention de Roissy « c’est la galère, on n’a pas à manger » ↩
Mutinerie dans le plus grand Centre de rétention de sans-papiers en France ↩