Le « 19 mars 1962 » est une date hautement symbolique de la Révolution algérienne. Une date qui marque l’Indépendance de l’Algérie et le recouvrement de sa souveraineté après 132 années sous le colonialisme français. Mais, plus de soixante ans après le cessez-le-feu, la guerre d’Algérie et ses multiples symboles sont loin de faire l’unanimité en France. Dans le Var et plus précisément, sur le port de La Seyne, c’est la plaque « quai du 19 mars » recouverte par une autre à la gloire de l’Algérie française qui a suscité la polémique.
Le 19 mars est célébré en Algérie comme la « Fête de la Victoire » marquant l’anniversaire des accords d'Évian et du cessez-le-feu du 19 mars 1962. Cette journée est aussi célébrée en France pour « rendre hommage à toutes les victimes civiles ou militaires qui sont tombées durant la Guerre d'Algérie et les combats au Maroc et en Tunisie ». Mais pour le 61e anniversaire du 19 mars, a été marquée cette année par une vive polémique à La Seyne, dans le Var.
En effet, alors que de nombreux élus et responsables politiques de cette commune, située au bord de la Méditerranée dans le département du Var en région Provence-Alpes-Côte d'Azur, participaient dimanche 19 mars 2023 à la traditionnelle cérémonie de commémoration du cessez-le-feu en Algérie, ils ont constaté que le « quai du 19 mars » situé sur le port de la ville avait été rebaptisé par une autre plaque à la gloire de l’Algérie française.
Le « Quai du 19 mars » rebaptisé « sauvagement » à la gloire de l'Algérie française
Le changement de cette plaque a été effectué « sauvagement ». En effet, une étiquette portant la mention « quai de l’Algérie française » a été collée par-dessus le « quai du 19 mars », rapporte le quotidien Le Var-matin. Un acte qui a fait réagir des élus de gauche (opposition) de La Seyne. « Un affront mémoriel, mais aussi une dégradation de bien public », s’indigent quatre élus.
Les élus du groupe « gauche-écologie » ont d’ailleurs demandé à la maire de La Seyne de procéder à la remise en état de la plaque et que « la Ville dépose plainte pour dégradation de bien public afin que les auteurs de ce délit soient mis face à leurs responsabilités ». Il faut dire que cet acte, qui a suscité l’indignation d’une partie de la population de la Seyne, ne serait que le fait des nostalgiques de l’Algérie française. Ces derniers considèrent la date du 19 mars 1962, non pas comme la fin de la guerre d’Algérie, mais comme « le début d’une période de violences meurtrières » contre les pieds-noirs et les harkis.
Dans une déclaration au journal Le Var-matin, l’adjoint au maire de La Seyne, Gérard Beccaria, du parti LR (droite) a voulu éviter toute polémique en affirmant qu’il « souhaite penser à tous ceux qui sont morts avant et après cette date du 19 mars ».Toutefois, il assure que sa mairie constate qu’il y a bien eu une dégradation de la plaque commémorative du 19 mars, « une plainte sera déposée ». L’affichette polémique « Algérie française » devrait être retirée dans les plus brefs délais et « le quai du 19 mars » retrouvera son appellation, rapporte la même source.
