Les accords d'Évian ont mis fin à 132 ans de colonisation française de l’Algérie. Ces accords parviennent après plusieurs décennies de lutte d'un peuple pour retrouver sa souveraineté. Depuis l'arrivée des Français en 1830, plusieurs insurrections se sont organisées ; violemment réprimées par la France. L'année 1945 a marqué les esprits des nationalistes algériens ; tandis que le monde entier fêtait la victoire sur le nazisme, les Algériens ont été massacrés à Sétif, Guelma et Kherrata. Ces événements du 8 mai 45 étaient décisifs dans le changement de cap des Algériens. et les jeunes militants ont compris que le seul moyen d'arracher l’indépendance est la lutte armée. Une lutte déclenchée le 1 novembre 1954 après une crise au sein du PPA-MTLD. De jeunes militants, qui ont refusé de suivre les centralistes (membre du comité central du PPA) ou les messalistes (Messali El Hadj, leader nationaliste à l'époque), ont crée le Front de libération nationale et ont appelé le peuple algérien à prendre les armes contre la France.
Le 1er novembre 1954, la guerre d'Algérie est déclenchée. La France a utilisé tous les moyens légaux et illégaux pour venir à bout de ce qu'elle considérait au début comme quelques actions de banditisme. Au fil des année, cette guerre s'est organisée, le FLN s'est doté d'un organe de direction et de l'Armée de liberation nationale. Le 20 août 1956, le le Congrès de la Soummam est organisé à Ifri en Kabylie pour réunir les têtes du FLN et mieux organiser cette révolution.
Après près de 7 ans de guerre, durant lesquelles la France à utilisé tous les moyens pour venir à bout d'un peuple résolu à retrouver sa souveraineté, des négociations – au début secrète ensuite officielle – ont été organisées.
Guerre d'Algérie : Les Conditions du FLN
En déclarant la guerre le 1er novembre, le FLN introduisait un partenaire de taille devenu depuis lors incontournable : l’Armée de libération nationale. Plus rien ne se déciderait sans elle. « Personne en Algérie n’aura le courage de discuter avec la France s’il n’a pas obtenu au préalable l’accord des maquis. Ces derniers ne répondront à aucune ouverture française si celle-ci ne comporte pas les trois conditions exigées par le FLN en vue d’un cessez-le-feu »
- « la reconnaissance de la nationalité algérienne par une déclaration officielle abrogeant les édits, décrets et lois faisant de l’Algérie une terre française en déni de l’histoire, de la géographie, de la langue, de la religion et des mœurs du peuple algérien »
- « l'ouverture des négociations avec les porte-paroles autorisés du peuple sur les bases de la reconnaissance de la souveraineté algérienne, une et indivisible »
- « la création d’un climat de confiance par la libération de tous les détenus politiques, la levée de toutes les mesures d’exception et l’arrêt de toute poursuite contre les forces combattantes».
Suivent les contreparties et autres garanties du FLN quant au sort de la minorité française et des intérêts de l’État français en Algérie. Le Congrès de la Soummam, dans sa plateforme finale, précisera le 2e point et exigera « la reconnaissance du FLN comme seule et unique organisation représentant le peuple algérien et seule habilitée en vue de toute négociation ».
Premières négociations sérieuses à Melun
Après plusieurs tentatives de négociation officieuses et des prises de contacts avec des révolutionnaires, le Général de Gaulle, président français se résout enfin à négocier avec le seul représentant du peuple algérien en lute : le GPRA (gouvernement provisoire de la République algérienne).
Les premières négociations se sont ouvertes à Melun du 26 au 29 juin 1960. Cependant, les Algériens ont compris que du côté français, il y a un manque de volonté pour aller dans le sens de l’indépendance de l’Algérie. La délégation algérienne, représentée par Ahmed Boumendjel et Mohammed-Seddik Benyahia, met fin à la rencontre, car malgré l’évolution du discours du Général de Gaulle, ses représentants en sont toujours à l’offre de « la paix des braves ».
Indépendance de l'Algérie et le problème du Sahara et des européens en Algérie
Après l'ouverture publique des premières négociations à Évian le 20 mai 1961, accompagnées d'une trêve unilatérale des opérations offensives, elles furent ajournées pour un mois par la France le 13 juin, puis reprises à Lugrin du 20 au 28 juillet et furent de nouveau ajournées sine die par le GPRA. Pendant ces négociations, plusieurs obstacles entravaient la progression des pourparlers.
Le FLN refusait de cesser le feu avant l'aboutissement des négociations, tout en se considérant comme le seul représentant du peuple algérien. D'un autre côté, le sort du Sahara restait un enjeu stratégique pour la France, à la fois pour ses réserves pétrolières et pour les essais nucléaires qui devaient y être effectués après l'explosion de la première bombe atomique française à Reggane en février 1960. Il faut dire que le FLN a de tous temps refusé la séparation du Sahara du reste du territoire algérien.
S'ajoutait la question du sort de la minorité européenne en Algérie : ses membres pouvaient-ils bénéficier de la double nationalité et des mêmes droits que les autres Algériens ?
Négociations d'Évian
Après l’échec de négociations à Melun, Charles de Gaulle et son Premier ministre décidèrent de relancer les négociations avec le FLN, en acceptant les « bons offices » de la diplomatie suisse et en renonçant à tout préalable.
Après des premiers contacts secrets en Suisse, de Gaulle décida, le 15 mars 1961, d’engager des négociations officielles, dont la date, d’abord fixée au 7 avril, fut ajournée par le FLN en réaction à une déclaration du ministre Louis Joxe favorable à des discussions avec le MNA (Mouvement national algérien opposé au FLN) et d’autres tendances politiques.
La seconde conférence d'Évian a finalement eu lieu du 7 au 18 mars 1962. Elle donna lieu à d'âpres discussions sur de nombreux points qui rendirent l'aboutissement incertain jusqu'au dernier moment. Le texte, long de 92 pages, fut lu intégralement à voix haute avant d'être paraphé page par page et signé par les 3 ministres français Louis Joxe, Robert Buron et Jean de Broglie ainsi que par le vice-président du GPRA, Belkacem Krim.
Le texte des accord d'Evian
Les accords d'Évian forment alors un ensemble complexe de textes signés le 18 mars 1962 par les représentants du gouvernement français et ceux du gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) à l'issue de la seconde conférence d'Évian.
Ces textes comportent un accord de cessez-le-feu, une procédure de transfert de souveraineté de la France à un nouvel État algérien dans le cadre d'une phase de transition et la définition des rapports futurs entre les deux États.
Le préambule, intitulé « Conclusion des pourparlers d’Évian » en résumait le contenu. Il indiquait l'organisation des pouvoirs publics pendant la période transitoire entre la signature des accords et l’indépendance (coexistence d'un haut-commissaire de la République en Algérie, responsable en dernier ressort du maintien de l'ordre, et d'un exécutif provisoire algérien à majorité musulmane) et stipulait la tenue d’un référendum d'autodétermination qui devait ratifier les accords et créer l'État algérien dans un délai de 3 à 6 mois.
Découvrir le texte complet des accords d'Évian