En France, des organisations musulmanes ne cessent de dénoncer les discours politiques hostiles aux musulmans. Des discours qui atteignent des niveaux jamais vus dans la discrimination et la stigmatisation, selon eux. D'un autre côté, des militants et responsables alertent sur les discours haineux émanant des milieux islamistes. En tout cas, le débat est surtout idéologique avec deux visions qui s'affrontent.
Depuis l'adoption de la loi sur le séparatisme, plusieurs mosquées en France ont été fermées. L'État veut imposer des règles strictes à ces lieux de culte. Cependant, certaines mosquées affirment être victime de discrimination même en respectant la législation en vigueur. C'est le cas de l’association Aïcha, qui gère la mosquée éponyme, implantée depuis 2014 à Montpellier. Cette mosquée dénonce le fait de subir, depuis plusieurs années, la fermeture de ses comptes bancaires.
Suite à cette situation, cette association a décidé de porter plainte pour discrimination. C'est l'avocat pénaliste maître Stéphane Fernandez qui a déposé cette plainte avec constitution de partie civile, devant Madame la doyenne des juges d’instruction près le tribunal judiciaire de Montpellier. L'avocat met avant, dans cette plainte, les agissements qu'il qualifie d'abusifs de plusieurs institutions bancaires. Il s'agit de la Caisse d’épargne, de la Société Générale, du Crédit Mutuel, du Crédit coopératif, de la Banque postale et du Crédit Agricole.
Cette fermeture de compte serait, selon la presse locale, liée à la notion de « déclaration de soupçon ». Ces médias expliquent que toutes les banques sont contraintes, sous peine de sanctions, lorsqu’elles sont face à un transfert de fonds dont elles ne peuvent justifier la provenance ou qui apparaît douteux d'appliquer cette règle. D'Ailleurs c'est dans ce sens que le Conseil des mosquées du Rhône (CMR) avait lancé un appel à Emmanuel Macron, en 2022, contre un « apartheid bancaire visant les institutions musulmanes ».
Le gérant de cette association, Hamid Hatime, explique que « le problème, c’est que le modèle économique de notre association est basé sur les dons et sur les souscriptions. Concrètement, on donne des relevés d’identité bancaires à nos fidèles pour qu’ils aident financièrement au bon fonctionnement de la mosquée. Mais dès qu’on nous ferme un compte, on doit renvoyer un RIB à tout le monde et on perd beaucoup de fidèles et donc d’argent à cause de ça ». De son côté, l'avocat de l'association affirme que « la liberté religieuse est une liberté fondamentale en droit français. Le principe d’égalité de traitement de tous les citoyens est un principe matriciel de toute démocratie ». « Force est de constater que le principe de l’égalité de traitement dans le cadre de l’exercice de la liberté religieuse est constamment bafoué et violé à l’égard de la religion musulmane », conclut-il.
Il faut souligner que la France est un pays laïc, ce qui fait que l'État n'intervient pas dans la gestion ni dans le financement des lieux de cultes des différentes religions. La loi interdit à l'État de financer un lieu de culte ou une association à caractère religieux. Une situation qui fait que ces associations sont financées par des particuliers . En mettant en place la loi de lutte contre le séparatisme, en août 2021, la France compte « protéger » les lieux de cultes français de toute influence étrangère. Ce sont surtout les associations musulmanes et les mosquées qui sont visées par cette loi en raison de la forte influence de certains pays sur leur gestion. En interdisant le financement étranger, la France encourage ainsi les fidèles à apporter leur soutien à ces lieux de cultes. Cependant, l'application de cette nouvelle loi pose certains problèmes pour l'instant.