Le président du Sénat marocain accusé de faire le jeu de l'Algérie et de la France

Les deux enclaves espagnoles sur la rive sud de la méditerranée, Ceuta et Melilla, sont au centre d'un conflit latent entre le Maroc et l'Espagne. Le Maroc veut retrouver sa souveraineté sur les deux enclaves et l'Espagne ne veut rien lâcher. Ce conflit est revenu au centre des débats cette semaine. Cependant, le ton du Maroc « officiel » a changé.

En effet, les déclarations du président de la Chambre des conseillers (équivalent du Sénat) Ennam Mayara sont à l'origine d'une nouvelle polémique entre les deux pays. Le responsable marocain est intervenu dans le cadre d'un débat sur les relations entre le Maroc et l’Espagne. Il a souligné le caractère marocain des deux villes et a plaidé pour « mettre fin à la colonisation ». Ennam Mayara a indiqué que Ceuta et Melilla sont des « territoires occupés » et que le Maroc « finira par récupérer ».

L'Espagne n'a pas tardé à réagir à ces propos. Les deux villes sont « espagnoles comme Zamora ou Palencia et il n'y a plus rien à discuter sur ce sujet », a affirmé la ministre espagnole de la Défense Margarita Robles. « La position du gouvernement espagnol est claire et ferme et il n'y a aucune possibilité de débat sur ce sujet », a encore précisé cette responsable.

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Cependant, même au Maroc, le président de la Chambre des conseillers a été attaqué de toute part, le poussant à tempérer ses propos. Dans le royaume Alaouite, la politique étrangère est un domaine exclusivement réservé au Roi. La presse pro-palais royale ne cesse de le rappeler. La levée du bouclier sur le responsable marocain a donc atteint son paroxysme.

« Qui vous a encouragé à vous mêler de ces jeux diplomatiques dangereux ? Ce que vous faites, c’est favoriser les ennemis du Maroc, notamment l’Algérie et la France », écrit un site électronique proche du palais. Ces médias reprochent à Ennam Mayara le timing de son intervention. Dans cette conjoncture de lune de miel entre l'Espagne et le Maroc, ces déclarations peuvent créer des tensions entre les deux pays, affirment les médias proches de Mohammed VI, en ajoutant que ce n'est pas dans l'intérêt du Maroc qui fait face à « des ennemis extérieurs ».

En tous cas, la campagne d'acharnement sur le président de la Chambre des conseillers révèle que le Maroc peut sacrifier la marocanité de ces deux enclaves en contrepartie de bonnes relations avec l'Espagne, alors qu'une partie de la classe politique ne cesse de revendiquer Ceuta et Melilla.


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