L'économie mondiale traverse une situation difficile. Les voyants sont au rouge dans plusieurs secteurs. Le marché pétrolier est impacté par cette situation. Cependant, les conflits actuels devaient être favorables à ce marché. L'Arabie saoudite est sortie du giron étasunien, le prix du pétrole russe est plafonné par les Occidentaux, l'OPEP+ est soudée, contrairement aux crises précédentes. Tous ces paramètres plaident pour un boom des prix du pétrole.
Cependant, ce boom n'a pas eu lieu et n'aura pas lieu, selon les experts. Voici pourquoi :
Ces derniers jours les pays producteurs de pétrole sont nombreux à décider de réduire leur production. Cette réduction a impacté les prix qui sont repartis à la hausse. Le 17 avril, le baril de Brent, référence du pétrole algérien, est cédé à 86,18 USD le baril. De son côté, le brut américain West Texas Intermediate est cédé à 82,09 USD le baril. Ces hausses sont importantes, mais ne font que compenser le recul des prix pendant plusieurs semaines.
Ainsi, nous pouvons affirmer que les hausses des prix du pétrole sont en deçà des attentes, surtout avec la récente réduction de la production. En effet, le climat tendu sur le plan relationnel entre les États-Unis et l’Arabie saoudite devait se répercuter sur le marché des matières premières. Cependant, cette hausse est minime. Fatih Birol, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) affirme : « je vois le prix osciller entre 75 et 85 dollars au cours de la deuxième partie de l’année, je parie donc sur une tendance à la baisse ». Il ajoute : « je dis souvent que cette année sera un match entre l’OPEP+ et la Réserve fédérale américaine. Si les taux d’inflation américains ne restent pas élevés, la Fed ne procédera qu’à de légères augmentations des taux d’intérêt et finira par les supprimer complètement. L’économie ralentira alors, tout comme la demande de pétrole. À moins qu’il n’y ait des tensions géopolitiques inattendues, bien sûr ».
Au fait, le pétrole ne flambera pas parce que l'économie mondiale connait une croissance très faible. « Selon le Fonds monétaire international, nous nous dirigeons vers un ralentissement de la croissance. Par exemple, 90 % des pays développés prévoient une croissance plus faible cette année qu’en 2022 », explique Fatih Birol, qui mise sur une hausse de production qui va tirer les prix vers le bas. Pour le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie, les pays membres de l'OPEP+ « ne font que défendre leurs intérêts individuels ». Il explique que « l’Arabie saoudite, par exemple, a besoin d’argent pour ses projets mégalomanes de villes intelligentes, la Russie a besoin de financer une guerre qui coûte un bras et une jambe. Tous ces pays agissent pour leur propre compte et vendent le plus grand nombre de barils de pétrole brut possible tant qu’ils le peuvent ».