Maroc : Vahid Halilhodžić révèle des raisons politiques pour son limogeage

Vahid Halilhodžić

L’entraîneur Vahid Halilhodžić ne digère toujours pas son éviction de la barre technique de la sélection du Maroc à quelques mois de la Coupe du monde 2022 disputée au Qatar. Près d’une année après la décision de la Fédération royale marocaine de football de virer coach Vahid, ce dernier dévoile pour la première fois les raisons de son limogeage.

Le jeudi 11 août 2022, la FRMF a annoncé la fin de mission de Vahid Halilhodžić comme sélectionneur du Maroc à l’issue d’un accord à l’amiable, en raison « des divergences de points de vue entre la fédération et le sélectionneur sur la meilleure façon de préparer la Coupe du monde », selon le communiqué publié par l’instance. Le technicien bosnien, qui était sous contrat jusqu’en 2023, a été remplacé au pied levé par l’entraîneur franco-marocain Walid Regragui.

Pour la 3e fois de sa carrière, après la Côte d’Ivoire en 2010 et le Japon en 2018, Vahid Halilhodžić a été limogé avant une Coupe du monde, après avoir qualifié les équipes. Le limogeage du technicien bosnien a suscité une vive polémique au Maroc. Entre ceux qui ont soutenu la décision de la FRMF et ceux qui l’avaient critiquée, les avis étaient partagés. Cependant, l’excellent parcours des Lions de l'Atlas sous la houlette de Walid Regragui, au Qatar, a fini par taire la polémique.

Si les Marocains dans leur majorité ont déjà tourné la page de Vahid Halilhodžić, ce dernier ne digère pas son départ de la barre technique du Maroc. Dans une interview pour le média bosnien N1, Vahid Halilhodžić révèle enfin les raisons de son limogeage, non sans avouer que son départ de la sélection du Maroc à quelques semaines de la Coupe du monde, lui est toujours resté en travers de la gorge.

Vahid Halilhodžić pointe du doigt l'ingérence de la FRMF, les sponsors et les politiciens

Coach Vahid dit s’être opposé à l’ingérence des dirigeants de la FRMF, notamment dans le choix des joueurs qui devaient disputer la Coupe du monde. « C’est le genre de travail qui dure des années, et à chaque fois, il arrive que quelqu’un prenne la relève de ce que j’ai créé. Je vais vous dire ce qui s’est passé. Je ne voulais pas accepter que les dirigeants des fédérations de football me disent 15 jours avant la Coupe (du monde) quels joueurs joueront et lesquels ne joueront pas », a déclaré le technicien franco-bosnien.

L’ancien sélectionneur du Maroc fait référence à l’attaquant Hakim Ziyech qu’il avait décidé d’écarter de la liste des Lions de l’Atlas, malgré la pression de la fédération de Fouzi Lekjaa. « Pouvez-vous imaginer que je laisse de côté un joueur avec lequel je me suis qualifié pour la Coupe du monde et que je prenne celui qui me crée des problèmes en permanence ? Lorsque j'ai pris la décision, je me suis demandé ce que je ressentirais », explique l’ancien sélectionneur de l’équipe d’Algérie.

Dans son interview, Vahid Halilhodžić a également pointé du doigt les sponsors et les politiciens pour leur ingérence dans les affaires de la sélection du Maroc. « Les sponsors voulaient être les seuls à décider, les politiciens aussi. Ils n’ont pas pu m’influencer. J’ai toujours été d’avis que c’était à moi de choisir avec mon équipe, parce que c’est nous qui avons fait le succès et que j’étais contre le fait que quelqu’un d’autre prenne la décision. Cependant, ce sont eux qui décident de moi, ce sont les patrons, vous êtes un petit poisson, ils ne font que vous retirer. D’accord, ils vous paient aussi pour cela, mais jouer une Coupe du monde ? Il n’y a pas d’argent qui puisse rembourser cela », a-t-il fait remarquer.

Malgré sa frustration de ne pas avoir participé à la dernière Coupe du monde au Qatar, coach Vahid dit ne pas regretter les décisions qu’il avait prises lorsqu’il dirigeait la sélection du Maroc. « Quand vous êtes entraîneur dans un club ou une équipe nationale, vous devez faire tout ce que vous croyez bon, afin de ne pas le regretter plus tard […] Je ne regrette rien de ce que j’ai fait. Ils (au Maroc) n’étaient pas contents de ça, ils étaient bien trop contents des résultats. Je pensais que la crédibilité d’un entraîneur se construisait surtout par les résultats, mais aujourd’hui, il faut aussi faire de la politique. Pour moi, l’aspect sportif reste le plus important », explique le technicien de 70 ans.

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