Comment le gouverneur de la Banque d'Algérie compte récupérer l'argent de l'informel

Square Port Saïd, une des places de l'économie informelle et du change des devises en Algérie (marché noir)

En Algérie, des sommes colossales circulent dans le circuit informel. L'économie informelle est un secteur qui s'est imposé et que les autorités n'arrivent pas à contrôler, malgré toutes les annonces faites dans ce sens. Ce secteur constitue l'un des plus grands obstacles à l'émergence d'une économie forte et compétitive. L'argent généré par l'informel échappe à tout contrôle.

Pour atténuer le poids de ce secteur, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Salah Eddine Taleb, s'est réuni avec les responsables des institutions bancaires et financières. Lors de cette réunion, le responsable de la Banque d'Algérie a donné des instructions afin d'améliorer la bancarisation de l'argent de l'informel. Il a également appelé les responsables de ces institutions à renforcer le financement de l'économie nationale.

Salah Eddine Taleb, qui a rappelé que les indicateurs financiers de l'Algérie se sont améliorés, a donc donné des orientations pour notamment capter l'argent de l'informel en encourageant l'épargne dans les banques algériennes. Il a également instruit les banques à accélérer leur numérisation, réduire les délais d'octroi de prêts et également la création d'agences indépendantes pour la finance islamique. Le gouverneur de la banque d'Algérie a encouragé les banques et les institutions financières à d'accorder plus de prêts pour l'investissement.

Il faut dire que depuis quelques mois, le gouvernement ne cesse de multiplier les initiatives pour attirer l'argent de l'informel. Cependant, pour certains experts, cette stratégie n'est pas la bonne. Sur cette question, l'expert en finances Lies Kerrar avait fait remarquer que même s'il est « important de se préoccuper de l’informel », le fait de « poser la problématique de cette manière induit en erreur sur ce qu’il faut faire ».

Cet expert préconise plutôt de poser la problématique autrement. « La problématique n’est pas de récupérer l’argent de l’informel. Ce qu’il faut, c’est d’agir sur les raisons fondamentales qui ont poussé une grande partie des Algériens à tourner le dos au système formel et à fonctionner de façon informelle », affirme Lies Kerrar.

« Pour formaliser notre économie, il faut d’abord mettre en place un dispositif fiscal simple, raisonnable et applicable à tous. Ensuite, il faut naturellement que notre système bancaire fasse d’énormes progrès en termes de service à la clientèle et de rémunération des dépôts. Si on veut attirer des dépôts bancaires, il faut d’abord faire le minimum pour les attirer : mettre en place un niveau minimum de services de paiement électronique, et rémunérer les dépôts de façon raisonnable à attractive », indique l'expert en expliquant la démarche qu'il faut suivre.

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