Le chef de l'État algérien a réintroduit par décret présidentiel l'usage d'un couplet qui s'adresse directement à la France au sein de la version longue de l'hymne national algérien Kassaman. Cette « réintroduction » a fait réagir les médias français et les politiciens sur les plateaux. Ces médias, en grande partie, affirment que c'est un acte hostile à la France. Et plusieurs jours après la signature du décret, la polémique ne fait qu'enfler.
En effet, ce sujet fait encore parler en France notamment. Il a tellement pris de l'ampleur que même la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna a réagi1. Elle a notamment estimé que ce décret peut « apparaître à contre-temps » et que le couplet en question était « très daté » et qu'il fallait replacer « cela dans son contexte de la décolonisation ».
Catherine Colonna s'est interrogée sur « la décision d'étendre l'usage d'un hymne qui date d'une autre époque » au moment même où Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune ont décidé « de donner un nouvel élan à nos relations ». Elle affirme que bien que « le contexte de l'époque l'explique (le couplet, NDLR) », aujourd'hui, « cela peut apparaître à contre-temps ».
La réaction algérienne
Cette réaction a donné du carburant à la polémique. Ça devient un véritable feuilleton. En effet, connaissant l'attachement des Algériens à leur souveraineté, il fallait s'attendre à une avalanche de dénonciations. Pour de nombreux Algériens, l'hymne national fait partie de la souveraineté nationale. Les Français ne doivent en aucun cas se mêler de la question. L'ancien diplomate algérien Abdelaziz Rahabi est parmi les personnalités qui ont réagi d'une façon virulente à la déclaration de la cheffe de la diplomatie française.
En effet, dans une intervention sur le site algérien TSA, l'ancien ministre de l'Information a jugé cette déclaration « aussi inopportune qu’inacceptable »2. « Il est tout à fait choquant d’entendre la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna souhaiter avoir les meilleures relations avec l’Algérie et s’interroger en même temps sur la décision souveraine de l’Algérie "d’étendre l’usage" de son hymne national dans les circonstances et les conditions choisies par le gouvernement algérien », affirme encore l'ancien diplomate.
Replaçant la déclaration de la ministre française dans le contexte des relations entre la France et l'Algérie, Abdelaziz Rahabi estime donc que la diplomate française « alimente par une déclaration aussi inopportune qu’inacceptable la campagne animée avec récurrence par des partis et des personnalités de droite dans l‘objectif de mettre l’Algérie au centre du débat interne sur les questions migratoires et de lui trouver une hypothétique responsabilité sur les conséquences de la guerre en Europe ».
Réaction de la cheffe de la diplomatie française sur le couplet évoquant la France dans l'hymne national de l'Algérie ↩
Rahabi : la déclaration de Colonna sur Kassaman est « inacceptable », TSA ↩