En Afrique du Nord, la dépénalisation de l'homosexualité est encore un chemin semé d'obstacles. Dans ces pays, l'homosexualité est toujours punie de peines de prison sur le plan juridique, tabou sur le plan social et combattu, par notamment les islamistes, sur le plan politique. Le débat sur l'homosexualité en Algérie, au Maroc et en Tunisie n'est presque pas existant. Aborder cette question, même sur le plan artistique, relève donc du défi.
Ce défi a été relevé par le film « Le Bleu du caftan », qui a été sélectionné aux Oscars et qui traite de la question de l'homosexualité au Maroc. Il a été et reste encore au centre de polémiques nourries, notamment par le courant islamique dans le royaume. Ce courant, représenté par le Parti justice et développement (PJD) est sorti de ses gonds et mène une campagne virulente contre la diffusion du film au Maroc.
Ce film a donc atteint son premier objectif : engager un débat sur la question de l'homosexualité au Maroc. Cependant, ce débat n'est pas serein dans un royaume conservateur. Le PJD condamne donc la projection du « Bleu du Caftan ». Il considère cette œuvre cinématographique contraire aux « valeurs religieuses, nationales et morales du peuple musulman
marocain ». Dans un communiqué rendu public, le parti islamiste déclare : « le Secrétariat Général dénonce l’autorisation d’un film qui promeut l’homosexualité à être projeté dans les cinémas marocains, en violation grave des valeurs religieuses, nationales et morales du peuple musulman marocain ».
Il faut dire que ce parti s'est engagé dans une bataille qui semble être perdue d'avance. En effet, le film a été lancé en grande pompe. L’avant-première du film, qui s’est déroulé le 4 juin à Rabat, a vu la présence d'un grand nombre de personnalités politiques et artistiques du royaume, dont le conseiller principal du roi Mohammed VI, Andre Azoulay. Une personnalité qui a une grande place sur l'échiquier politique marocain.
Le Bleu du caftan est un film qui peint une certaine réalité commune à de nombreux homosexuels dans les pays qui les rejettent. Des homosexuels qui sont obligés de vivre leur sexualité en cachette et de supporter le poids de leur secret. La réalisatrice marocaine du film, Maryam Touzani, raconte l'histoire de Halim et Mina, un couple soudé et sans histoires, mais qui vit avec un pesant secret : l'homosexualité de l'époux.