Homosexualité au Maroc : présélectionné aux Oscars, le film Le Bleu du caftan espère susciter un débat sain au royaume

Le Bleu du caftan, film sur l'homosexualité au Maroc

Même si la revendication des droits LGBT gagne du terrain en Afrique du Nord, la dépénalisation de l'homosexualité est encore un chemin semé d'obstacles. Dans ces pays, l'homosexualité est toujours punie de peines de prison. Le sujet est également tabou et le débat sur cette question n'est presque pas existant. C'est dans ce contexte qu'un film marocain abordant la question est présélectionné pour les Oscars.

En effet, « Le Bleu du caftan » traite de la question de l'homosexualité au Maroc. Ce film peut donc amorcer un débat au sein de la société, mais aussi susciter une polémique comme c'est le cas à chaque production qui ose faire bouger les lignes1. Selon sa réalisatrice, Maryam Touzani, qui s'est confiée à l'AFP, ce film « peut contribuer à créer un débat sain et nécessaire » au pays.

Le Bleu du caftan met en scène une histoire commune à de nombreux homosexuels dans les pays qui les rejettent. Ils sont obligés de vivre leur sexualité en cachette et de supporter le poids de leur secret. La réalisatrice marocaine, qui réalise son deuxième long-métrage, aborde donc ce sujet tabou. Elle raconte dans son film l'histoire de Halim et Mina, un couple soudé et sans histoires, mais qui vit avec un pesant secret : l'homosexualité de l'époux.

Avec ce film, candidat du Maroc aux Oscars et retenu parmi les 15 longs-métrages présélectionnés dans la catégorie « Meilleur film étranger » de la prestigieuse compétition américaine, Maryam Touzani  veut donner de la visibilité à une catégorie discriminée au Maroc. Fière de cette prouesse, la réalisatrice a déclaré à l'AFP : « c'est un énorme honneur de pouvoir représenter le Maroc et de porter les couleurs du pays à ce stade de la compétition ». Elle estime que « le fait que mon film représente le Maroc est une avancée. La symbolique est belle et forte. Cela traduit un désir d'ouverture et de dialogue ».

Il faut dire que le fait de présélectionner ce film pour participer à ce festival est déjà un choix audacieux dans un pays où l'homosexualité est un sujet largement tabou dans une société conservatrice. Un sujet qui divise l'opinion publique. L'homosexualité au Maroc  reste également passible de 6 mois à 3 ans de prison, selon le Code pénal. C'est ce qui fait dire à la jeune réalisatrice : « ça me blesse et me fait mal de voir des personnes (de la communauté LGBT) vivre cachées, dans la peur et que l'expression de leur amour soit étouffée, niée et jugée ». Son film n'a pas seulement une valeur esthétique. C'est un film engagé qui peut contribuer à « créer un débat sain, nécessaire et salutaire sur cette question », espère cette réalisatrice.


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