Après de longues années d'attente, l'ouverture des bureaux de change est sur la dernière ligne droite. Le Conseil monétaire et bancaire a adopté un projet de règlement relatif aux conditions d'autorisation, de constitution, d'agrément et d'exercice des bureaux de change. C'est juste une première étape avant une ouverture effective, mais les experts en finances ont exprimé leur optimisme par rapport à l'impact positif de cette démarche sur le marché de change.
En effet, ils sont nombreux à affirmer que l'ouverture de ces bureaux devra au moins réduire le poids du marché noir de change en Algérie. L'expert financier Mohamed Haichour s'est exprimé sur le sujet dans une interview accordée au quotidien El Watan1. « C’est une excellente nouvelle que la Banque d’Algérie ait adopté une nouvelle réglementation relative au fonctionnement des bureaux de change. Cette initiative marque une étape significative dans la gestion des devises en Algérie et ouvre la voie à un nouvel horizon dans le domaine du marché de change. Elle adopte une approche plus libérale dans la gestion de la devise, ce qui se traduit par une plus grande transparence, une plus grande concurrence et des services plus compétitifs », affirme d'emblée l'économiste, qui ajoute que « la nouvelle réglementation devrait contribuer à éradiquer le marché informel du change à moyen terme ».
Mohamed Haichour explique donc que « l’un des objectifs clés de cette réglementation est de réduire le marché noir de change. En permettant aux résidents d’accéder plus facilement aux bureaux de change légaux pour leurs besoins en devises étrangères, la demande sur le marché noir peut diminuer, ce qui contribuera à éradiquer cette activité informelle ».
Il faut dire que cette analyse est partagée par de nombreux experts. Cependant, la décision de la Banque d'Algérie n'a pas eu d'effet immédiat étant donné que le chemin est long avant que ces bureaux ouvrent effectivement. À l'avenir, ce règlement permettra, selon cet expert, « une plus grande flexibilité dans la gestion des opérations de change au niveau des bureaux de change. Elle peut inclure des ajustements dans les limites de change par l’élimination de la marge de change de 1 %, assouplir les procédures de demande, et les mécanismes de cotation, ce qui permet aux bureaux de change de mieux répondre aux besoins changeants des entreprises et des particuliers. Cette nouvelle réglementation pourra, ensuite, encourager la concurrence entre les bureaux de change ».
Si l'ouverture des bureaux de change respecte certaines conditions, le marché noir appartiendra au passé
L'expert va encore plus loin en affirmant que « cette nouvelle réglementation pourrait être perçue comme une étape annonciatrice d’un nouveau dogme dans la gestion de la devise en Algérie. Elle pourrait favoriser une économie plus ouverte et plus compétitive tout en renforçant la stabilité financière et en facilitant les transactions de change ». Il préconise que ces bureaux soient ouverts « dans des zones touristiques ou commerciales fréquentées par des voyageurs internationaux. De plus, la diversification des devises est cruciale pour répondre aux besoins variés des clients. La gestion efficace des taux de change est un autre facteur décisif ».
En conclusion, l'expert affirme que si l'ouverture des bureaux de change respecte ses préconisations, ils permettront « de réduire considérablement l’activité illicite et non réglementée sur ce marché, tout en renforçant la confiance des citoyens dans le système financier officiel. Cependant, la réussite de cette transition dépendra non seulement de la mise en place des conditions évoquées, mais également de la communication efficace de ces changements aux citoyens, de la garantie de l’accessibilité aux services de change légaux, et de la mise en œuvre efficace des réformes par les autorités ». C'est à ces conditions que « le marché de change parallèle pourra effectivement devenir une relique du passé pour les Algériens, avec des avantages tangibles pour l’économie du pays ».
Mohamed Haichour. Expert financier : «La Banque d’Algérie adopte une approche plus libérale dans la gestion de la devise», 26 septembre 2023, El Watan DZ ↩