La situation des musulmans de France, Français et étrangers, est des plus délicates, particulièrement depuis la relance violente du conflit en Palestine. Désormais, ils ne sont plus la cible des seuls politiciens de la droite et de l'extrême droite, mais ceux de la gauche et de la droite modérée s'y sont mis de la partie, laissant La France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon comme le seul rempart politique contre l'islamophobie.
C'est ainsi que même l'ancien Premier ministre Alain Juppé a pris la parole à l'antenne de Radio J, une radio communautaire juive émettant depuis Paris et n'a pas manqué de tenir des propos polémiques sur les musulmans de France qui ont fait réagir aussitôt. Notamment quand il parle de "Français musulmans", un concept qui renvoie à une catégorie juridique sous l'Algérie coloniale.
Les Musulmans de France ne sont pas chez eux ?
"Est-ce qu’il y a une forme d’islam qui est compatible avec la République ? Je veux encore le croire. Parce que si la réponse est non à cette question, cela veut dire qu’il y a 4 à 5 millions de Français musulmans qui n’ont pas la place chez nous. Et on ne peut pas l’accepter", a affirmé l'ancien Premier ministre sous Jacques Chirac.
Comme l'ont fait beaucoup de politiciens avant lui, Alain Juppé interpelle les Musulmans de France, notamment les responsables de la communauté, pour qu'ils se prononcent, encore une fois, sur la laïcité. "Moi, ma thèse, c'est aux responsables musulmans de dire voilà ce qu'est notre religion. Voilà pourquoi notre religion est compatible avec la République (...) C'est aux musulmans de dire 'nous, nous sommes prêts à respecter la laïcité'. La laïcité, ce n'est pas un combat contre les religions. C'est la liberté d'expression, de religion, de pratiquer sa religion ou de ne pas la pratiquer. Mais en même temps, cela veut dire que la religion n’impose pas sa loi dans la sphère publique", a-t-il ajouté.
Les propos d'Alain Juppé sur les musulmans de France font réagir
Ces propos d'Alain Juppé, ancien Premier ministre de 1995 à 1997, ont été aussitôt dénoncés par Sandrine Rousseau, députée écologiste de la 9e circonscription de la capitale française. "Ces propos sont inacceptables. L’islamophobie n’a pas sa place dans la République française", a, en effet, soutenu la Parlementaire sur son compte X (anciennement Twitter).
C'est plutôt Amine Bouabbas, 1er adjoint à la mairie du 14e arrondissement de Paris, chargé de l’Education, de la petite enfance, des familles et des nouveaux apprentissages, qui rappelle ce concept de la France coloniale. Sa publication sur X ménage cependant l'ancien maire de Bordeaux. "Français musulmans, c'était une catégorie juridique sous l'Algérie coloniale. C'est assez révélateur d'utiliser ce terme hélas, même dans la bouche d'une personne plutôt de bonne volonté comme Alain Juppé", a indiqué l'élu local.
"Français musulmans" c'était une catégorie juridique sous l'Algérie coloniale. C'est assez révélateur d'utiliser ce terme hélas, même dans la bouche d'une personne plutôt de bonne volonté comme @alainjuppe https://t.co/sYDWpTSQ7N
— Bouabbas (@AmineBouabbas) October 22, 2023