Les discours antimusulmans de plus en plus présents dans les médias français ont fait réagir le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, qui a non seulement rendu public un communiqué dans lequel il dénonce la banalisation du discours islamophobe et haineux, mais a même interpellé les dirigeants de l'Arcom afin qu'ils agissent à l'encontre de ces discours dans les médias français.
Chems-Eddine Hafiz a même demandé une audience au président de l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), Roch-Olivier Maistre, qui l'a reçu, mardi 7 novembre, comme le précise un communiqué de la Grande Mosquée de Paris. En fait, le responsable de la GMP a transmis à son hôte une lettre dans laquelle il l'informe de "l'inquiétude des musulmans de France au sujet de la libération et de la banalisation d'une parole antimusulmane dans les médias, lui demandant de prendre les mesures adéquates".
"À l’heure où de graves tensions touchent la France et mettent en péril la cohésion de la communauté nationale et la coexistence religieuse dans notre pays, je souhaite en appeler à votre haute autorité pour maintenir la plus grande vigilance à l’égard des discours proférés dans la sphère médiatique, ainsi que sur les réseaux sociaux, portant atteinte à des groupes et des personnes en raison de leurs appartenances religieuses", a en effet fait savoir le recteur de la GMP dans sa lettre.
Discours contre l'islam en France : "Nous ne pouvons pas rester insensibles"
Chems-Eddine Hafiz dit regretter de constater, ces derniers mois, "une évolution dangereuse et pernicieuse qui conduit les musulmans de France à devenir les cibles de propos absolument inadmissibles". "Nous ne pouvons pas rester insensibles et passifs face à la libération et à la banalisation d'une parole essentialiste, stigmatisante, raciste et haineuse contre nos concitoyens musulmans", a indiqué le recteur de la Grande Mosquée de Paris dans sa missive adressée au président de l'Arcom.
Le recteur de la GMP évoque aussi la liberté d'expression et les débats d'opinion pour dénoncer les propos de certaines personnalités tenus dans des médias. "Les médias ne sauraient être les vecteurs d’une pareille évolution. La multiplication, la répétition et la gravité de ce type de propos scandaleux tenus dans certains médias et par certaines personnalités médiatiques sont indignes de notre pays si fondamentalement attaché à la liberté d’expression et aux débats d’opinion", a ajouté Hafiz.
La Grande Mosquée de Paris veut que l'Arcom agisse plus intensément contre les dérives
Tout en se réservant le droit de poursuivre en justice les personnalités qui tiennent des propos racistes, haineux contre les musulmans de France, le recteur de la Grande Mosquée de Paris sollicite l'Arcom "pour agir plus intensément et plus fermement contre ces dérives inacceptables, pour les sanctionner à leur juste mesure et éviter qu'elles ne se reproduisent".
"La lutte contre ces méfaits, qui tendent à exclure les musulmans de la communauté nationale et à la diviser elle-même, est complexe. Elle ne concerne pas seulement les citoyens de confession musulmane, mais représente un enjeu d’intérêt commun et un défi pour l’avenir apaisé de notre société tout entière", conclut Chems-Eddine Hafiz.
