Le Sénat a adopté le projet de loi immigration porté par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. La version adoptée par la majorité de droite au Sénat durcit les conditions d'accueil des étrangers et supprime beaucoup d'avantages pour les sans-papiers. Dans cette politique de durcissement, le Sénat est donc allé plus loin que le gouvernement en ajoutant plusieurs dispositions et supprimant d'autres qui auraient pu équilibrer ce projet de loi.
Suite à ce vote, plusieurs organisations ont dénoncé la nouvelle politique hostile aux étrangers et à l'immigration. En effet, des organisations membres du Pacte du pouvoir de vivre, parmi lesquelles Oxfam France, la CFDT et France terre d’asile ont appelé à un sursaut contre cette loi dans une tribune publié dans le journal Le Monde.
"Stop ! Depuis plusieurs années, nous assistons à une offensive politique et médiatique contre la présence de personnes étrangères dans notre pays. Cette offensive est inédite par son ampleur et sa violence, et vient, en multipliant les amalgames et les représentations fantasmées, nourrir le racisme et la xénophobie, tout en divisant dangereusement notre société", écrivent en préambule ces organisations pour situer le texte sur l'immigration voté par le Sénat dans le contexte actuel en France.
L'adoption de ce texte qui durcit les conditions d'accueil des étrangers arrivant en France, est considérée par ces organisations comme une nouvelle étape dans la stigmatisation des immigrés. "Un nouveau palier a été franchi avec l’introduction du projet de loi pour contrôler l’immigration en séance publique au Sénat. De manière totalement décomplexée, les sénateurs Les Républicains [LR] ont multiplié les outrances et les propos caricaturaux sur l’immigration et les exilés. Et ce, avec la caution parfois active du gouvernement", accusent les signataires de la tribune.
Immigration : il faut donner le cap pour construire les bases d’une société apaisée et fraternelle
Revenant sur le texte en question, les membres du Pacte du pouvoir de vivre, estiment que "la plupart des amendements votés au Sénat ne visent qu’à exclure et à rendre encore plus difficile le parcours des personnes immigrées sur le territoire, en les considérant illégitimes par nature. Ainsi, les mêmes responsables politiques qui dénoncent l’absence d’intégration des personnes migrantes sont ceux qui mettent tout en œuvre pour l’empêcher, par une batterie de mesures régressives plus stupéfiantes les unes que les autres".
Ces organisations ajoutent qu' "en durcissant les conditions d’accès à un titre de séjour ; en supprimant l’Aide médicale d’Etat, rendant encore plus difficile l’accès aux soins de première nécessité des étrangers en situation irrégulière ; en rendant quasi inopérant le dispositif de régularisation par le travail ; en supprimant le droit aux prestations familiales, à l’allocation personnalisée d’autonomie, à plusieurs prestations concernant les personnes en situation de handicap ou le droit au logement opposable pour les étrangers résidant en France depuis moins de cinq ans (contre six mois aujourd’hui) ; en rétablissant le délit de séjour irrégulier ou encore en supprimant l’automaticité de l’acquisition de la nationalité à 18 ans pour les personnes nées en France de parents étrangers", les sénateurs excluent ces immigrés de la société.
La tribune conclut par un appel à la mobilisation en France. "Nous, acteurs de la société civile membres du Pacte du pouvoir de vivre, sommes unis depuis près de cinq ans autour d’un socle de valeurs communes. Ces valeurs de justice sociale, d’égalité, de solidarité et de fraternité fondent notre République et charpentent nos engagements respectifs. Elles devraient également guider l’action de la représentation nationale", écrivent ces organisations qui appellent à "un sursaut collectif avant le passage du projet de loi à l’Assemblée nationale [à partir du 11 décembre]". "Nous demandons au gouvernement, à sa majorité, et à l’ensemble des parlementaires qui se reconnaissent dans les valeurs républicaines, de faire stopper ces dérives et de donner le cap pour construire les bases d’une société apaisée et fraternelle", martèlent ces défenseurs de l'immigration.