Né en Algérie, il y a 70 ans, Mohammed a été rebaptisé Jean-Pierre lors de son arrivée en France en 1966. Depuis, il lutte pour obtenir le droit d'utiliser son vrai patronyme et il a fini par obtenir une première victoire en retrouvant son prénom de naissance en Algérie. Mais il n’a toujours pas recouvré son vrai nom.
Retrouver son nom de naissance quand celui-ci a été changé n’est pas une mince affaire. Mohammed Guerroumi peut en témoigner. Arrivé en France en 1966 en provenance d’Algérie, ce Strasbourgeois à dû attendre un demi-siècle pour recouvrer son prénom d'origine, Mohammed à la place de celui de Jean-Pierre qu'on lui avait donné à son arrivée en France, comme le rapporte le média France Bleu Alsace.
Mohammed Guerroumi avait 13 ans quand il est arrivé en France. Placé sous tutelle au foyer Charles Frey dans le quartier strasbourgeois de Neudorf, il avait reçu le nom de Guérin de la part de son tuteur, la « politique d'assimilation totale » le contraignant également à changer de prénom. « L’assistant social avait dit de prendre un prénom qui correspondait à Mohammed, comme Marc » se souvient-il. Finalement, Mohammed choisit le prénom de Jean-Pierre, en hommage à son entraîneur de handball de l'époque.
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« J'avais pas la gueule d'un Suédois » confie Mohamed rebaptisé Jean-Pierre
C’est la raison pour laquelle sur ses papiers d'identité, la mention « Jean-Pierre Guérin, nom d'usage Mohammed Guerroumi » a toujours été inscrite. Cela lui a d’ailleurs causé de grandes difficultés lors de ses voyages à l'étranger. « Quand je passais les douanes allemandes avec ma carte d'identité française, avec écrit Guérin-Guerroumi, j'étais fouillé, on pensait que c'était des faux papiers, j'avais pas la gueule d'un Suédois », confie l'homme de 70 ans au média français.
Cette situation lui a également causé des désagréments en France lorsqu'il cherchait un emploi ou un logement. « Je cherchais un appartement et que je me présentais sous le nom Jean-Pierre Guérin, on me disait qu'il était tout de suite disponible puis quand j'arrivais face à l'agent immobilier, il me disait finalement que l'appartement était pris », ajoute le militant associatif et entraîneur de handball.
Mohamed était « un petit traitre » aux yeux de ses concitoyens algériens en France
Ce n’était pas mieux avec ses concitoyens algériens et de la communauté maghrébine en France, selon qui Jean-Pierre était « un petit traître ». C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il a fini par réclamer auprès des autorités françaises, le droit d'utiliser uniquement son prénom algérien, celui de Mohammed. « Pourquoi est-ce que j'avais perdu mon prénom algérien pour en prendre un autre ? Ça m'a traumatisé, je n'étais pas à l'aise », affirme-t-il.
Une demande qu’il a finie par obtenir de la part de l’état-civil français en 2023. Désormais, celui qui était rebaptisé Jean-Pierre, il y a plus d’un demi-siècle, peut utiliser le prénom Mohamed, y compris sur ses papiers français. Pour ce qui est du nom de famille, il continue pour le moment à s’appeler Guérin, la décision de remplacer ce nom au profit de Guerroumi revenant au ministre français de la justice. Une demande en ce sens est déjà sur le bureau du Garde des Sceaux.