Après KFC, les Algériens oseront-ils boycotter Intel ?

Après KFC, les Algériens oseront-ils boycotter Intel ?

La récente ouverture du premier restaurant KFC en Algérie a suscité une vive polémique, les Algériens ayant établi un lien entre KFC et Israël. Cette polémique a mené plusieurs influenceurs et simples citoyens à appeler au boycott de la célèbre franchise de restauration américaine. Cependant, cette situation nous amène à nous poser une question quant à la cohérence de cette action en particulier en regard de la relation qu'ont plusieurs entreprises étrangères avec Israël, à l'instar d'Intel, un acteur majeur dans la fabrication de semi-conducteurs.

Le 14 avril, à peine le KFC ouvert à Alger, un rassemblement appelant au boycott s'est formé à l'entrée de l'enseigne. L'origine de la contestation réside dans les relations perçues entre KFC et Israël. Mais quelles relations ?  La firme américaine est une entité privée qui se dissocie de toute position politique, comme a tenté de l'expliquer la filiale algérienne de KFC en affirmant sur les réseaux sociaux que son entreprise ne soutenait en aucun cas les actions ou politiques d'Israël.

Cependant, cela n'a pas suffi à apaiser les esprits. En effet, les Algériens ont trouvé que KFC était liée à l'État hébreux indirectement via sa maison mère YUM! Brands, une multinationale américaine qui contrôle aussi Pizza Hut, Taco Bell, et Habit Burger Grill, et son partenariat avec Tictuk Technologies, une entreprise israélienne. KFC se retrouve donc prise dans le feu croisé des opinions publiques en raison des affiliations politiques et commerciales de ses partenaires.

Intel, Israël et le boycott des Algériens

Intel, géant de la technologie, dispose de vastes installations de production en Israël, où une portion significative de ses microprocesseurs est fabriquée. La relation d'Intel avec Israël n'est pas seulement profonde, mais aussi transparente, marquée par des investissements continus dans les capacités de fabrication et de recherche.

L'entreprise américaine joue un rôle clé dans l'économie israélienne grâce à ses installations étendues de fabrication de semi-conducteurs, notamment à Kiryat Gat, où se trouve l'une de ses usines les plus avancées technologiquement. L'entreprise investit régulièrement des milliards de dollars pour moderniser et agrandir ces installations1, et est à l'origine du plus gros investissement étranger en Israël (5 milliards de dollars américains)2, en plus d'être l'un des principaux employeurs.

Photo aérienne de l'usine de fabrication de micro-processeurs Intel à Kiryat Gat, en Israël
Usine de fabrication de microprocesseurs Intel à Kiryat Gat (Israël)

Parallèlement, les processeurs Intel sont omniprésents dans le quotidien des consommateurs du monde entier, y compris des Algériens. Ils se retrouvent dans une multitude d'appareils allant des ordinateurs personnels aux serveurs en passant par les équipements de réseaux et même certains smartphones. Cette ubiquité rend les microprocesseurs Intel pratiquement incontournables pour toute personne utilisant des technologies modernes. Par conséquent, un boycott des produits Intel affecterait non seulement une large gamme de consommateurs, mais aussi de nombreuses industries qui dépendent de cette technologie pour fonctionner efficacement.

Cela nous amène donc à poser la question quant à la cohérence de cette action de boycott menée contre KFC. Si la connexion indirecte de KFC avec Israël a suscité une réaction aussi forte, pourquoi n'y a-t-il jamais eu de mouvement de boycott similaire contre les produits Intel dont la production en Israël est bien connue et substantielle ? Il est aussi important de se demander quelles sont les motivations derrière cette campagne de boycott d'une chaîne de restaurants présente dans plusieurs pays africains, dont la Tunisie.


  1. Intel to Invest $10B in New Israeli Manufacturing Site, 3 mai 2021, themedialine 

  2. Intel signe le plus gros investissement étranger en Israël jamais enregistré, 18 juin 2023, lecho.be 

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