L'interdiction du burkini de retour en France

En France, la question du port du burkini par les femmes sur les plages revient sur le devant de la scène chaque saison estivale. C’est le cas cette année aussi, avec le maire de Lecci qui a pris un arrêté interdisant le port d'une tenue « manifestant une appartenance religieuse » sur la plage de cette commune de la Corse-du-Sud. Sans le préciser ouvertement, cet arrêté semble désigner la communauté musulmane.

Le maire de la commune de Lecci (Corse-du-Sud) a pris un arrêté interdisant « l'accès aux plages et à la baignade [...] jusqu'au 30 septembre 2024 à toute personne n'ayant pas une tenue correcte respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité ». L'arrêté a été publié mercredi 7 août 2024 sur la page Facebook de la commune, rapporte le journal régional Corse-Matin.

Le maire de Lecci justifie cet arrêté par le fait que « les tenues religieuses ostentatoires peuvent être source de conflit grave ». Don Georges Gianni évoque également le « contexte particulier justifiant le maintien de l'état d'urgence », dans lequel « une tenue de plage manifestant une appartenance religieuse, alors que la France et les lieux de culte religieux peuvent être la cible d'actes terroristes, est de nature à créer des risques de troubles à l'ordre public (attroupements, échauffourées) qu'il est nécessaire de prévenir ».

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Le port du burkini sur les plages est-il autorisé en France ?

Si l’arrêté ne désigne pas nommément une religion, le renvoi aux « attentats terroristes commis en France et à travers le monde » et au « climat de tension internationale actuel, notamment au Moyen et Proche Orient », semble accréditer l'hypothèse d'une référence à la communauté musulmane et par conséquent au port du burkini. Selon les informations de Corse-Matin, cet arrêté ne serait pas dû à de quelconques tensions communautaires. Plusieurs femmes portant des maillots de bain islamiques auraient toutefois été aperçues sur une plage de la commune de Lecci.

Dans une déclaration à Corse-Matin, la préfecture de Corse affirme avoir « bien reçu l'arrêté pris par le maire » et assure que le texte « passera par le contrôle de légalité comme chaque arrêté ». Cependant, la question qui se pose est de savoir si cette décision d’interdire le port du burkini sur les plages est légale. En effet, la loi française garantit la liberté de religion et donc le droit de porter des tenues religieuses dans l'espace public, y compris sur la plage.

D’ailleurs, le Conseil d’État a souvent rejeté les arrêtés anti-burkini pris par différents maires de France. En juillet 2023, le Conseil d'État avait suspendu l'arrêté pris par la commune de Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes) interdisant le port du burkini. La plus haute juridiction administrative avait jugé que cette interdiction portait « atteinte de manière grave et illégale à la liberté d'aller et venir, à la liberté de conscience et à la liberté personnelle » et estimé qu'une « telle interdiction dans l'espace public doit, en effet, être justifiée par un risque actuel et avéré pour l'ordre public ».


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