Les Algériens représentent la première nationalité étrangère au sein des prisons françaises. Pourtant, le nombre d'Obligations de quitter le Territoire français (OQTF) appliqué demeure relativement faible. Ce paradoxe s'explique en grande partie par le refus des autorités algériennes de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires à leur expulsion.
L'immigration algérienne en France est une réalité historique, ancrée depuis l'époque coloniale, avec une communauté bien établie qui contribue largement à la société française. Toutefois, la gestion de certains flux migratoires, notamment ceux des Algériens en situation irrégulière, pose des défis considérables. Parmi ces enjeux, les expulsions et la saturation des centres de rétention administrative (CRA) constituent un problème récurrent et complexe pour les autorités françaises. Les tensions diplomatiques actuelles entre Paris et Alger, exacerbées par des différends politiques et la question des laissez-passer consulaires, viennent aggraver la situation.
Les centres de rétention administrative en France sont régulièrement débordés, en particulier par des ressortissants algériens, qui, malgré leur placement en rétention, échappent souvent à l'expulsion. Ce constat est partagé par plusieurs préfets, qui déplorent l'inefficacité des procédures d'éloignement. Bien que des obligations de quitter le territoire français (OQTF) soient régulièrement délivrées, leur exécution reste marginale, surtout lorsqu’il s’agit des Algériens. En effet, sans les laissez-passer consulaires requis pour le retour dans leur pays d’origine, les autorités françaises sont contraintes de libérer bon nombre de ces personnes après une période de rétention.
Voyage & Immigration Les Algériens en tête des ressortissants visés par les expulsions en Europe
Cette situation est représentative d’une faille dans le système d’expulsion, une faille que le ministère de l’Intérieur préfère éviter de commenter publiquement en raison de la sensibilité politique du sujet « Avec les Algériens, c’est toujours compliqué. On délivre toujours des OQTF, on les met en rétention et, faute de laissez-passer, on les remet en liberté », déclare un préfet.
Les détenus algériens en hausse
Les Algériens sont, en effet, la première nationalité étrangère dans les prisons françaises, avec environs 4000 détenus en 2023. Ce chiffre, qui représente une nette augmentation par rapport aux années précédentes, est bien supérieur à celui des Marocains ou des Tunisiens. Cependant, malgré ces données, les expulsions effectives restent rares. En période normale, environ 200 Algériens sont expulsés chaque mois, un chiffre qui apparaît dérisoire face aux défis que pose cette population carcérale.
En 2023, environ 2562 Algériens ont été éloignés de France, ce qui représente une hausse de 36 % par rapport à l'année précédente, mais ce nombre reste faible comparé aux OQTF délivrées. Les autorités françaises ont ainsi fait de l'expulsion des étrangers jugés les plus dangereux une priorité, car le taux d'exécution des OQTF n'est globalement que de 10 à 20 %. Les Algériens, bien qu'ils figurent en tête du classement des nationalités expulsées, restent difficiles à éloigner.