Algérie - Maroc : Les conflits qui ont cultivé la haine

Les relations entre l'Algérie et le Maroc ont toujours été jonchées de conflits et de tensions. Les deux pays qui ont retrouvé leurs souverainetés après la colonisation française n'ont jamais enterré la hache de guerre. Le Maroc, qui s'est débarrassé du protectorat français en 1956, et l’Algérie, qui a obtenu son indépendance en 1962, ont vécu au rythme de crises diplomatiques récurrentes et ont même connu un conflit armé. Pour éclairer le lecteur, nous allons revenir sur l'historique de ces conflits et essayer de mieux comprendre la situation actuelle entre les deux pays.

La guerre des sables

La guerre des sables a commencé le 8 octobre 1963 et a duré 3 semaines. Cette guerre fait suite à un conflit sur le tracé des frontières algéro-marocaines. Les versions données par les deux pays sont contradictoires, cependant, le contentieux territoriale existait du temps de la colonisation française. Le conflit concerne des régions du sud rattachées à l’Algérie que le Maroc conteste et revendique. Quant à l’Algérie, elle refuse dès son indépendance qu'elle soit amputée d'une partie de son territoire acquis de haute lutte armée.

Cette situation a conduit le Maroc, au cours du mois de septembre, à amasser des troupes le long de la frontière. Le 8 octobre, les hostilités ont commencé. Des batailles ont eu lieu, faisant des dizaines de morts. Après plusieurs tentatives de médiation échouée, le président malien Modibo Keïta a invité Hassan II et Ahmed Ben-Bella à Bamako. Placée sous les auspices de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), la rencontre débouche sur la conclusion d’un cessez-le-feu, qui prend effet le 2 novembre. Plusieurs années après ce conflit, à Ifrane le 15 janvier 1969, un traité a été signé entre les deux pays.

Le Front Polisario et le conflit du Sahara occidental

Au milieu des années 1970, l'Espagne décide de quitter le Sahara occidental. Ce départ a aiguisé les appétits du Maroc et de la Mauritanie, qui revendiquent ces territoires. D'un autre côté, le Front Polisario (une forme abrégée, en espagnol, de Front populaire pour la libération de la Saguia el Hamra et du Rio de Oro) fondé en 1973 entend  représenter les Sahraouis. Il plaide, comme le prévoit d’ailleurs l’ONU en pareil cas, pour un référendum d’autodétermination qui pourrait conduire à l’indépendance du Sahara occidental. Dans cette quête, l’Algérie s'est rangée du côté du Polisario. Le pays a été le plus grand soutien des Sahraouis. Cette position algérienne n'a pas été du goût du Royaume chérifien.

En 1975, l’Algérie expulse 35'000 à 45'000 Marocains d’Algérie et ferme la frontière jusqu’en 1988 en riposte à la Marche verte du Maroc qui revendique la souveraineté sur le Sahara occidental et à la politique de marocanisation des terres agricoles exploitées par des Algériens.

Ce conflit, considéré comme une question de décolonisation par l'Algérie et comme une affaire interne par le Maroc, a empoisonné les relations entre les deux pays. Officiellement, le Maroc considère l’Algérie comme partie prenante dans ce conflit alors que l’Algérie se réfère aux résolutions onusienne et soutient que la question de décolonisation du Sahara occidental est une question de droit international et qu'elle ne fait pas partie des belligérants.

Attentat de Marrakech et fermeture des frontières

Le 24 août 1994, des attentats ont eu lieu à Marrakech. Le Maroc accuse l’Algérie d’être responsable de ces attentats et instaure l'obligation des visas pour les Algériens. L'Algérie riposte en fermant la frontière terrestre entre les deux pays. Elle exige également des excuses pour une éventuelle ouverture des ces frontières. Les deux pays instaurent l'obligation des visas pour ceux qui veulent voyager entre eux. En 2004, le Maroc lève l’obligation de visa pour les Algériens, une décision suivie par l’Algérie en 2005.

Il faut dire que depuis cette fermeture des frontières, les villes marocaines frontalières suffoquent. Le Maroc a perdu une grande partie des touristes algériens qui faisaient le bonheur de ses villes et l'Algérie n'est pas pressée de les rouvrir ; elle exige toujours des excuses, surtout que l’enquête sur les attentats de Marrakech a révélé que l’Algérie n'a aucun lien avec ces attentats.

Désormais, c'est le Royaume chérifien qui demande leur ouverture et une normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays. Ce fut d'ailleurs le point central du dernier discours du roi Mohammed VI.

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