C’est ce mardi 18 mai que se déroule au tribunal d’Oran, le procès contre les défenseurs des droits humains Kaddour Chouicha, Djamila Loukil et Saïd Boudour, ainsi que 12 autres militants du Hirak. Les mis en cause, actuellement en liberté provisoire, sont poursuivis pour des chefs d’accusation de « participation à une organisation terroriste » et « complot contre l’État ». Des accusations qu'Amnesty international (AI) a tenu a dénoncer à travers un communiqué publié lundi 17 mai, tout en exhortant les autorités algériennes à « abandonner immédiatement toutes les charges sur la base de fausses accusations » portées contre les mis en cause.
« Les autorités algériennes doivent abandonner immédiatement toutes les charges portées contre les défenseurs des droits humains Kaddour Chouicha, Djamila Loukil et Saïd Boudour, ainsi que 12 autres militants du Hirak qui risquent tous la peine de mort ou de longues peines de prison sur la base de fausses accusations de « participation à une organisation terroriste » et « complot contre l’État » en lien avec leur participation à des manifestations pacifiques », a déclaré Amnesty International, à la veille du procès programmé pour ce mardi au niveau du tribunal d’Oran.
Le professeur d’université Kaddour Chouicha et les journalistes Djamila Loukil et Saîd Boudour sont membres de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) et participent au mouvement Hirak. Le 28 avril, le professeur d’université Kaddour Chouicha, également vice-président de la LADDH, et la journaliste Djamila Loukil ont été arrêtés sans mandat alors qu’ils quittaient une audience à la Cour d’Oran, suite à une précédente poursuite pour « rassemblement non armé » en 2019. Ils ont été poursuivis le lendemain pour terrorisme et conspiration, avec Saïd Boudour et 12 autres militants de Hirak.
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« Les mis en cause risquent la peine capitale »
Les accusations portées contre les 15 militants comprennent le recrutement de mercenaires au nom d’une puissance étrangère, l’incitation des citoyens contre l’autorité de l’État, punissable par la peine de mort, conspiration contre la sécurité de l’État, adhésion à une organisation terroriste ou subversive active à l’étranger ou en Algérie, et des publications portant atteinte à l’intérêt national, sur la base des articles 76, 77, 78, 87 bis et 96 du Code pénal, respectivement. Kaddour Chouicha et et son épouse Djamila Loukil ont été provisoirement libérés en attendant le résultat de l’audience du 18 mai. Saïd Boudour a été placé sous contrôle judiciaire, avec deux autres militants du Hirak, et doit signer au poste de police tous les 15 jours.
« Nous sommes profondément préoccupés par cette affaire contre de courageux défenseurs des droits humains. Il s’agit d’une nouvelle tendance inquiétante des autorités algériennes utilisant la législation liée au terrorisme pour réprimer les droits à la liberté de réunion et d’expression pacifiques avant les élections prévues en juin. Ces accusations ne sont qu’un écran de fumée pour réduire au silence la voix de ces défenseurs des droits humains et réprimer leur militantisme », a déclaré Amna Guellali, directrice adjointe d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
« Nous exhortons les autorités algériennes à mettre fin à ces procès contre les défenseurs des droits humains, les militants du Hirak et garantir les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique à la veille des élections législatives de juin », ajoute-t-elle. La responsable de l'ONG explique : « Les accusations portées par le procureur reposent sur des allégations selon lesquelles ils sont liés au mouvement politique islamiste illégal Rachad, que les autorités ont accusé d’avoir infiltré le mouvement Hirak dans le but de le discréditer ».
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