Abdelkader Bensalah : Parcours d'un cacique du régime algérien

L'ancien chef de l'État par intérim et ex-président du Conseil de la nation Abdelkader Bensalah est mort à Alger dans la nuit du mardi 21 au mercredi 22 septembre, à l'âge de 80 ans. Il est décédé 5 jours après son prédécesseur à la tête de l'État, en l'occurrence le président déchu Abdelaziz Bouteflika.

Abdelkader Bensalah a toujours été considéré comme un cacique du régime, surtout durant les 20 ans de règne de Abdelaziz Bouteflika. Il a longtemps joué le rôle de deuxième personnage de l'État, y compris dans les années 90. Il a, en effet, présidé le Conseil national de transition (CNT), établi suite au vide institutionnel engendré par l'interruption du processus électoral entre 1991/1992.

Figurant parmi les fondateurs du Rassemblement national démocratique (RND) en février 1997, Abdelkader Bensalah a été intronisé président de l'APN après que son parti, le RND, eut raflé les législatives en juin de la même année. Il sera réélu en 2002 au niveau de la chambre basse du Parlement, mais il laisse la présidence de l'Assemblée à Karim Younes.

Abdelkader Bensalah : De président du Conseil de la Nation à chef de l'État par intérim

Mais en réalité, c'est parce que Bouteflika lui a assigné un nouveau rôle. Étant un fidèle parmi les fidèles, le président déchu l'a invité à démissionner de l'APN pour le nommer au Conseil de la Nation au titre du tiers présidentiel. Cela pour qu'il reprenne son statut de deuxième personnage de l'État, notamment aux divergences apparues entre Bouteflika et l'ex-président du Sénat, Bachir Boumaza.

C'est que Bouteflika était décidé à installer un fidèle lieutenant qui ne le trahirait pas, et sur ce point, il ne s'est pas trompé. Il est resté patron du Conseil de la nation jusqu'au mois d'avril 2019, suite à la démission du président déchu à la faveur des manifestations populaires déclenchées deux mois auparavant.

En sa qualité de deuxième personnage de l'Etat, Abdelkader Bensalah sera désigné chef de l'État par intérim, sous l'oeil « bienveillant » de l'ex-chef d'État major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah. Il échouera à imposer une élection présidentielle le 4 juillet 2019, mais réussira à l'organisation de la présidentielle du 12 décembre, et ce, après l'arrestation de plusieurs hauts responsables civils et militaires, à l'instar des généraux Toufik et Tartag, de Saïd Bouteflika, d'Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal et plusieurs ex-ministres, ainsi que de nombreux opérateurs économiques, qualifiés d'oligarques du système, à l'instar de Ali Haddad, Mahieddine Tahkout et les frères Kouninef.

Des indiscrétions font état de plusieurs demandes formulées par Bensalah pour qu'il quitte son poste de président du Sénat, mais Bouteflika aurait toujours refusé de le libérer, n'ayant pas trouvé un successeur qui lui serait fidèle. Le vœu de quitter la vie publique a commencé depuis qu'il a été opéré, à Paris en 2015, suite à un cancer.

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