Le président de la FIFA, Gianni Infantino, maintient contre vents et marées son projet d'un Mondial de football biennal. Malgré les nombreuses critiques, le patron du football mondial ne semble pas reculer en multipliant les annonces sur les bienfaits de son projet. Infantino est allé jusqu'à suggérer que la tenue d'un Mondial tous les deux ans « empêcherait les Africains de tenter la migration vers l'Europe, en traversant la Méditerranée ».

Bien que le projet d'un Mondial de football chaque deux ans au lieu de quatre ans, comme c'est le cas depuis la naissance de la Coupe du monde FIFA en 1930, ne séduit pas grand monde, le président de la FIFA ne veut pas pour autant faire machine arrière. À chacune de ses sorties, Gianni Infantino ne cesse de louer les bienfaits de son projet pour le football mondial.

« Nous devons donner aux Africains l'espoir », affirme Gianni Infantino

Invité ce mercredi 26 janvier 2022 à s'exprimer sur la question de l'organisation des compétitions de la FIFA, en particulier le Mondial de football, devant l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) à Strasbourg (France), le président de la FIFA, Gianni Infantino, est revenu encore une fois sur « les avantages » d'un changement de la périodicité du Mondial de quatre à deux années, en particulier pour le continent africain.

« Nous voyons que le football évolue dans une direction où quelques-uns ont tout et la majorité n'a rien. En Europe, la Coupe du monde a lieu deux fois par semaine parce que les meilleurs joueurs jouent en Europe », a déclaré le patron de la FIFA devant les parlementaires européens, ce mercredi 26 janvier, comme pour dire que le football de haut niveau se joue uniquement en Europe.

« Même en Europe, il y a un grand déséquilibre. La grande majorité de l'Europe ne voit pas les meilleurs joueurs et ne participe pas aux compétitions de haut niveau », ajoute Gianni Infantino devant le Conseil de l'Europe.

« Nous devons donner aux Africains l'espoir qu'ils n'ont pas à traverser la Méditerranée pour avoir, peut-être, une vie meilleure, mais plus souvent trouver la mort en mer. Nous devons leur donner des opportunités et de la dignité », explique le président de la FIFA pour défendre son projet de Coupe du monde tous les deux ans.

Les propos d'Infantino sur l'Afrique provoque la polémique

Une déclaration qui sort complètement du domaine sportif et qui glisse vers un terrain politique, de l'avis de nombreux observateurs, qui n'arrivent pas encore à saisir le sens de lier le sort de la Coupe du monde à l'immigration des Africains vers le continent européen. D'ailleurs, les propos de Gianni Infantino, largement repris par les médias ont suscité un tollé sur les réseaux sociaux.

« Jusqu'où peut s'abaisser Infantino ? Instrumentaliser la mort en Méditerranée pour vendre son projet mégalomaniaque, laisse sans voix », a réagi Ronan Evain, directeur général du collectif Football Supporters Europe.

« Mes collègues d'Human Rights Watch interviewent des réfugiés partout dans le monde à peu près chaque jour. Nous écrivons des rapports sur les raisons […] qui les contraignent à quitter leurs foyers. Ils ne mentionnent jamais le calendrier de la Coupe du monde », a réagi pour sa part Andrew Stroehlein en charge de cette ONG.

Gianni Infantino remet les choses au clair

Très contrarié par les réactions négatives suscitées par sa déclaration devant le Conseil de l'Europe, le président de la FIFA a immédiatement réagi en publiant une mise au point. « Étant donné que certains de mes propos […] semblent avoir été mal interprétés et sortis de leur contexte, je tiens à préciser que, dans mon discours, mon message plus général était que toute personne en position de prendre des décisions a la responsabilité d'essayer d'améliorer la situation des gens dans le monde », s'est-il défendu dans un texte transmis à l'AFP.

Il faut dire que le projet de la FIFA de modifier la périodicité du Mondial est devenu depuis des mois un grand sujet de discorde dans le football. L'Union européenne de football (UEFA) et la confédération sud-américaine (Conmebol) s'y opposent catégoriquement. Seules la CAF et certaines fédérations des pays d'Asie ont jusque-là donné leur accord. Un état de fait qui n'échappe pas à la FIFA, qui sait pertinemment qu'un tel projet ne peut être avalisé sans l'adhésion de l'Europe et des pays de l'Amérique du Sud.