La France perd pied au Mali, son ambassadeur sommé de quitter le pays dans les 72 heures

Manifestation du sentiment anti-français au Mali

La France perd pied au Mali et perd ainsi une nouvelle bataille dans la région du Sahel, qui a longtemps été sous son influence. Paris, qui a toujours expliqué son intervention au Mali par des raisons humanitaires, a eu un revers. Son ambassadeur, Joël Meyer, est sommé de quitter le pays. Convoqué à la mi-journée au ministère malien des Affaires étrangères, il a 3 jours pour quitter le Mali.

Cette décision malienne intervient à la suite des propos tenus ces derniers jours par Jean-Yves le Drian. Le chef de la diplomatie française avait jugé « illégitimes » les autorités de transition.

Selon le communiqué du gouvernement, lu sur les ondes de l’ORTM, la télévision nationale malienne , « cette décision fait suite aux propos hostiles et outrageux » tenus « récemment » par Jean-Yves le Drian et à la « récurrence de tels propos par les autorités françaises à l’égard des autorités maliennes en dépit des protestations maintes fois élevées ».

Une conclusion logique aux tensions franco-maliennes ?

Il faut dire que cette décision était prévisible, après plusieurs semaines de tension entre les deux pays. Le conflit d’intérêts avec les Russes a finalement basculé en faveur de ces derniers. Le renforcement de la présence russe dans la région, avec la bénédiction des autorités maliennes, a poussé la France dans ses derniers retranchements.

Le chef de la diplomatie française était monté au créneau et avait jugé « illégitimes » les autorités de transition, dénonçant leur « fuite en avant ». Il a aussi estimé que le groupe russe Wagner était déjà à l’œuvre au Mali et qu’il y « protégeait les autorités en échange de l’exploitation des richesses minières du Mali ».

Les nouvelles autorités maliennes changent de fusil d'épaule

Les nouvelles autorités maliennes, déjà récalcitrantes par rapport à la présence française dans le pays, ont ainsi profité de cette occasion pour régler leurs comptes avec la France.

Elles ont jugé les propos du ministre français de « contraires au développement de relations amicales entre nations ». Ces autorités de transition ont tout de même réaffirmé leur « disponibilité » à « maintenir le dialogue et poursuivre la coopération avec l’ensemble de ses partenaires internationaux, y compris la France », mais « dans le respect mutuel et sur la base du principe cardinal de non-ingérence ».

La France rate sa « reconquête » du Mali

Il faut souligner que depuis 2013, la France avait lancé l'Opération Serval au Mali. Le gouvernement français avait alors expliqué cette intervention par la nécessité de maintenir l'intégrité du Mali.

À l'époque, le président François Hollande, suivi des ministres des Affaires étrangères et de la Défense, a annoncé que l'unique but de la France est « la lutte contre le terrorisme ».

Cependant, au-delà des déclarations officielles, la France a tenu par son intervention à défendre ses intérêts au Mali. Par la suite, la Russie est rentrée dans l’arène, créant une lutte d’intérêt contre l'ancien colonisateur.

Rappelons enfin que la France avait envahi le Mali en 1883 (alors connu sous le nom de Soudan français), qui devient une colonie française. Ses richesses sont l'or, le coton, le fer, le bétail et l'arachide. Le Mali comporte également de l'uranium, du phosphate, du sel, du granite, du calcaire ou encore du gypse (minerai qui permet la fabrication du plâtre). Le Mali devient indépendant en 1960.

Communiqué du gouvernement malien sur l'expulsion de Joël Meyer
Communiqué du gouvernement malien portant expulsion de Joël Meyer
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