Les associations musulmanes victimes de répression en France (rapport)

Des musulmans dans une mosquée en France

Les musulmans de France font face à une répression de la part de l'administration, selon un rapport de l'Observatoire des libertés associatives, regroupant une vingtaine d'associations dans le cadre d'un programme européen contre le rétrécissement de l'espace démocratique.  Ce rapport, intitulé Enquête sur la répression des associations dans le cadre de la lutte contre l'islamisme, a qualifié les pratiques de l'administration à l'égard des musulmans d'une « nouvelle chasse aux sorcières ».

Au nom de la lutte contre le séparatisme, le communautarisme ou l'islamisme, des associations de défense des droits des musulmans et d'autres de solidarité envers ces populations « sont la cible de sanctions de la part des pouvoirs publics » en France, indique le rapport de l'Observatoire des libertés associatives, publié le 1er février 2022 sur le site de la Ligue des Droits de l'Homme en France [source]. Un rapport qui a analysé 20 cas de sanctions jugées abusives entre 2016 et 2021.

Ces associations musulmanes françaises « sont visées comme élément central d'un écosystème islamiste », un prisme qui conduit à considérer « suspect tout regroupement de personnes musulmanes, ou considérées comme telles », ajoutent les rédacteurs du rapport, qui affirment qu'« aucune recherche sérieuse en sciences sociales n'a pourtant démontré ce phénomène ». Ce phénomène connaît une accélération depuis l'assassinat de Samuel Paty en octobre 2020 au point de se transformer en « véritable chasse aux sorcières », selon la même source.

Les pratiques des autorités françaises contre les musulmans de France sont « dangereuses » et « contreproductives »

« Notre rapport souligne au contraire que les associations ici attaquées constituent des vecteurs d'intégration civique », ajoutent les rédacteurs, qui estiment qu'en pénalisant des associations aux pratiques légales au regard du droit en vigueur et parfois sur des accusations aux bases factuelles incertaines, ces entraves s'avèrent dangereuses et contre-productives pour lutter contre l'islamisme et les phénomènes terroristes.

Selon le rapport, les pratiques des autorités françaises contre les musulmans de France sont « dangereuses » parce qu'elles « ouvrent la porte à l'arbitraire et mettent à mal l'état de droit ». Elles sont aussi « contreproductives » parce qu'elles « contribuent à approfondir la marginalisation civique de nos concitoyens musulmans par l'affaiblissement ou la disparition d'associations ».

Trois types d'accusations contre les associations musulmanes de France, qui émanent toutes de l'administration, se dégagent, selon le rapport : dans un premier cas, les associations sont qualifiées de « séparatistes » ou de « communautaristes » ;  dans un deuxième cas d'être « prosélytes » ou « d'atteindre à la laïcité » ;  dans un troisième cas, il leur est reproché des « accointances avec les milieux radicaux ».

En France, beaucoup d'associations musulmanes subissent « la chasse aux sorcières »

Le rapport a énuméré un nombre important d'associations qui subissent « la chasse aux sorcières » de la part de l'administration française : Des associations de défense des habitants des quartiers populaires, de défense des locataires, des associations de lutte contre les discriminations, de défense des musulmans, une fédération et une association d'éducation populaire, une radio associative, une association humanitaire ; une association cultuelle, une école privée à statut associatif, etc.

Ces structures ayant en commun d'avoir associé à leur action, comme membres ou bénéficiaires, des personnes musulmanes ou considérées telles, sans que ces associations puissent être qualifiées d'« associations musulmanes », expliquent les rédacteurs du rapport. « Les répressions étudiées dans ce rapport apparaissent alors comme des réponses élaborées sous la pression à partir des instruments à disposition des autorités publiques (dissolution administrative, possibilité de couper les subventions…) », ajoute le rapport.

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