L'armée française a annoncé, lundi 7 mars, avoir tué un chef de l'organisation terroriste Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), non loin de Tombouctou, au centre du Mali. Le terroriste en question, mis hors d'état de nuire dans la nuit du 25 au 26 février dans une opération de la force Barkhane, est Yahia Djouadi, un Algérien ayant rejoint les groupes terroristes armés dès 1994.
Selon le média Jeune Afrique qui cite plusieurs sources, Yahia Djouadi, alias Abou Ammar El Jazaïri était conseillé militaire de Abdelmalek Droukdel, l'ex-chef d'AQMI tué en juin 2020, toujours par l'armée française. Il a été éliminé « par une intervention au sol, appuyé par hélicoptère d'attaque et de reconnaissance Tigre et deux drones », précise-t-on du côté français, où il est présenté comme un relais majeur du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GISM), branche sahélienne d'Al Qaïda, dans le nord du Mali, notamment à Tombouctou.
Selon le récit de Jeune Afrique, Yahia Djouadi est né à Sidi Bel Abbes, dans l'Ouest algérien, et a rejoint les groupes armés (le fameux GIA) en 1994. Entre 1997 et 1998, à l'époque des grands massacres en Algérie, il quitte le GIA et crée son propre groupe terroriste, le Groupe salafiste combattant. Il soutient la création, par Hassan Hattab, du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) en 1998, particulièrement dans le centre de l'Algérie, dont la Kabylie. En 2002, il ralliera le GSPC pour devenir proche de son chef de l'époque, Abdelmalek Droukdel.
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Le chef terroriste était un proche de Abdelmalek Droukdel
Yahia Djouadi restera ami de Droukdel jusqu'à sa mort en juin 2020. C'est lui qui le nommera d'ailleurs émir du Sahara vers le milieu des années 2000 et l'enverra ensuite comme médiateur entre Abdelhamid Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar, deux chefs terroristes agissant dans le grand Sahara. Il sera ensuite chargé d'implanter AQMI en Libye à la faveur des troubles du printemps arabe dans ce pays ayant conduit à la chute de Mouammar Kadhafi. Et avant de repartir vers le Mali en 2019, il a supervisé en Libye la gestion du financement, la logistique et la formation des combattants.
Selon l'armée française reprise par Jeune Afrique, le chef terroriste Yahia Djouadi coordonnait l'approvisionnement en matériel au profit du commandement du GISM et d'AQMI, et assurait la coordination logistique et financière du groupe. D'ailleurs, il est soupçonné d'être derrière les kidnappings susceptibles de faire gagner de l'argent à son organisation terroriste, comme celui de deux touristes autrichiens en Tunisie. Il lui est également attribué l'instigation de plusieurs attentats contre les armées mauritanienne et algérienne.
Après la mort de ce haut cadre du GISM et d'AQMI, c'est la disparition de tous les terroristes expérimentés qui est actée. Ce qui est censé affaiblir les groupes terroristes sévissant dans la région du Sahel. Et c'est ce qui fait dire à l'armée française que l'élimination de Yahia Djouadi est un succès tactique significatif qui affaiblit une nouvelle fois la gouvernance d'AQMI.