La question de la mémoire et de la Guerre d'Algérie n'a jamais été autant présente sur le plan politique et médiatique en France. En plein campagne électorale, les candidats se positionnent sur cette question en frôlant même la surenchère politique. Dans ce contexte, deux candidates se sont distinguées par des déclarations qui peuvent faire polémique, notamment parmi les membres de la diaspora algérienne.
En effet, Valérie Pécresse et Marine Le Pen, candidates respectivement de la droite et de l’extrême droite, se sont attardées sur les événements qui ont suivis l'annonce du cessez-le-feu le 19 mars 1962. Les candidates, qui se réclament toutes les deux de l'héritage gaulliste, vont jusqu'à contester le calendrier officiel de la fin des hostilités entre l’Algérie et la France. Valérie Pécresse et Marine Le Pen ont déploré que le 19 mars commémore traditionnellement la fin de la Guerre d’Algérie.
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Ainsi, Valérie Pécresse s’est engagée à trouver une autre date et a promis, si elle est élue, d’engager « une forme de réconciliation » mémorielle sur le sujet. Elle a affirmé qu'« à l’évidence, le 19 mars ne marque pas la fin du conflit algérien. 80 % des victimes civiles sont tombées après les accords d'Évian ». Elle a rappelé la fusillade de la rue d'Isly, à Alger, le 26 mars 1962, dans laquelle des dizaines de partisans de l’Algérie française furent tués par l’armée française, ou le massacre d’Oran du 5 juillet 1962.
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La candidate de la droite républicaine a évoqué « les blessures enfouies que cet anniversaire ravive chaque année ». Elle a estimé qu’« on ne peut plus continuer à opposer la mémoire de ceux qui sont morts pour la France durant les combats d’Algérie et d’Afrique du Nord et le souvenir de ceux qui sont tombés ou qui ont disparu dans des circonstances parfois atroces, après le cessez-le-feu ».
Cependant, Valérie Pécresse a indiqué que « ces huit années de guerre furent terribles », ajoutant que « le système colonial [est] injuste » tout en soulignant que « les Français d’Algérie et leurs enfants n’en sont pas coupables ». Dans son élan révisionniste, Valérie Pécresse accuse Emmanuel Macron d'avoir reconnu les crime français en Algérie. « Non, on ne doit pas, comme l’a fait Emmanuel Macron, les accuser d’un crime contre l’humanité qu’ils n’ont pas commis », a-t-elle déclaré.
Toutefois, la candidate, qui perd des points dans les sondages et qui apparemment lorgne du côté de l'électorat nostalgique de l’Algérie française, n'a soufflé aucun mot sur les crimes atroces commis par l'Organisation armée secrète (OAS) en Algérie.
Il est à noter que dans ce contexte de période pré-électorale en France, la candidate du rassemblement national Marine Le Pen a abondé dans le même sens et a également réclamé le changement de la date de la fin de la Guerre d’Algérie. Nostalgique de l’Algérie française, la candidate qui sera présente au deuxième tour – selon les derniers sondages – continue à surenchérir sur la question de la mémoire. Marine Le Pen est allée jusqu'à réclamer à l’Algérie de demander pardon aux harkis en contre partie d'une reconnaissance de la France de ses crimes en Algérie.
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