L'Europe veut négocier du gaz algérien moins cher

Drapeaux de l'Union européenne à Bruxelles

Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, les pays de l’Union européenne (UE) font face à une double crise : la hausse des prix du gaz naturel et du pétrole et la difficulté de s’en approvisionner auprès de la Russie. Une situation qui a poussé les 27 pays de l’UE à se tourner vers d’autres fournisseurs, à l’instar de l’Algérie.  

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a bouleversé la carte énergétique mondiale. Ce sont surtout les pays de l’Union européenne, grands consommateurs du gaz russe, qui en payent les frais. Au risque du manque d’approvisionnement, en raison de représailles russes au soutien européen à l’Ukraine, les pays de l’UE sont surtout confrontés à la hausse des prix du gaz sur le marché mondial.

Pour tenter d’obtenir des prix moins chers, les 27 pays de l’UE ont décidé de faire des achats groupés de gaz auprès des plus grands producteurs au monde, dont l’Algérie. C’est ce qui a été annoncé, vendredi 25 mars, lors d’un Sommet des chefs d’État des 27 pays de l’UE, tenu à Bruxelles.

Les États membres de l’UE ont décidé en effet de donner mandat à la Commission européenne pour effectuer des achats de gaz groupés, ce auprès des États-Unis et de trois autres grands fournisseurs au monde à savoir le Qatar, la Norvège et l’Algérie. Une stratégie calquée par l’UE sur le modèle des commandes de vaccins anti-Covid.

Les 27 pays de l’UE veulent acheter du gaz algérien à un prix moins cher

« Les 27 pays de l’UE vont, de façon urgente, travailler ensemble à des achats volontaires de gaz, de gaz naturel liquéfié (GNL) et d’hydrogène, en tirant profit du poids économique de l’UE pour bénéficier de prix avantageux », indique le communiqué du Sommet de l’UE. À travers cette stratégie d’achat groupé, les pays de l’UE qui veulent s’affranchir du gaz russe en raison de la guerre en Ukraine espèrent parvenir avec les pays fournisseurs à des prix du gaz moins chers.

« L’achat groupé, la capacité à définir ensemble des contrats longs, est le meilleur instrument pour faire baisser les prix », a indiqué en effet le président français Emmanuel Macron, dont le pays occupe la présidence semestrielle de l’UE, lors d’une conférence de presse tenue le 25 mars à l’issue du Sommet de Bruxelles. « La Commission peut agréger jusqu’à 75 % des achats de gaz, soit en renégociant les contrats existants ou en en concluant de nouveaux », a précisé le chef d’État français.

La Commission européenne chargée de mener cette opération d’achat groupée de gaz a « engagé des négociations avec les principaux pays producteurs (Norvège, Qatar, Algérie) et a annoncé vendredi un accord avec les États-Unis pour que ceux-ci augmentent leurs livraisons de gaz naturel liquéfié à l'UE », indique le même communiqué.

L’Algérie va-t-elle négocier en position de force ?

Les pays de l’UE, dont une grande partie dépend du gaz algérien, à l’instar de l’Espagne, de l’Italie et du Portugal, espèrent à travers cette stratégie d’achat groupé, parvenir à des prix moins chers du gaz et surtout assurer leur sécurité énergétique à court et moyen terme, en raison de la guerre en Ukraine.

En incluant l’Algérie parmi leurs fournisseurs en gaz, les 27 pays de l’UE reconnaissent surtout son poids stratégique en matière d’énergie, ce qui pourrait permettre à l’Algérie de négocier d’autres dossiers (politiques, économiques et sécuritaires) avec l’UE, en position de force, selon de nombreux observateurs. Mais d’autres y voient une manière de faire changer d’avis à l’Algérie sur la guerre en Ukraine, en la poussant à se défaire de sa légendaire « neutralité ».

Retour en haut
Share via
Copy link