L’Angleterre va transférer ses migrants clandestins vers des « centres offshore » en Afrique

Migrants clandestins

L’Angleterre a décidé de créer des centres « offshore » en Afrique,  pour y transférer les migrants illégaux qui arrivent sur son territoire. À travers cette action, qui a suscité une large indignation chez les défenseurs des droits de l’Homme, le gouvernement britannique veut surtout décourager les traversées illégales par la Manche.

Confronté ces dernières années une augmentation massive du nombre de migrants arrivant sur ses côtes, par la Manche, le gouvernement britannique a opté pour une mesure radicale : transférer des migrants arrivés clandestinement au pays vers des centres d'accueil « offshore » situés en Afrique et plus précisément au Rwanda. L’accord de la création de ces centres « offshore » pour les migrants clandestins a été signé vendredi 15 avril 2022 entre les gouvernements britanniques et rwandais.

Ces derniers mois, l’Angleterre fait face à une véritable déferlante de migrants clandestins traversant la Manche. Selon les autorités britanniques, près d'un millier de migrants tentent chaque jour une traversée depuis la France. Selon des chiffres du « Home Office », 28 500 personnes ont effectué des traversées par bateau en 2021, contre 8 466 en 2020, et seulement 299 en 2018.

Migrants clandestins : l’Angleterre opte pour les centres « offshore »

Une situation qui a poussé le gouvernement de Boris Johnson à prendre une mesure radicale. Il s’agit de la création de centres « offshore » à des milliers de kilomètres vers lesquels seront transférés ces migrants. Le gouvernement britannique a voulu, à travers cette mesure, calquer le Danemark et l’Australie. Deux pays qui ont opté déjà pour ce genre de centres « offshore » en matière de gestion des migrants clandestins.

Le Gouvernement britannique a donc décidé de passer à l’action. La ministre de l'Intérieur, Priti Patel, était en déplacement au Rwanda, jeudi 14 avril 2022, pour signer un « partenariat sur les migrations et le développement économique ». Un partenariat qui permet désormais au Royaume-Uni d’envoyer au Rwanda des migrants de toutes origines arrivés illégalement sur le sol britannique, selon le Home Office.

« À partir d’aujourd’hui, toute personne entrant illégalement au Royaume-Uni ainsi que celles qui sont arrivées illégalement depuis le 1er janvier pourront être transférées au Rwanda », a annoncé le Premier ministre britannique le 14 avril dans un discours prononcé à l’aéroport de Lydd, au sud-est de l’Angleterre.

Le Rwanda se « réjouit » d’accueillir ces centres « offshore » pour migrants

« Le Rwanda pourra accueillir des dizaines de milliers de personnes dans les années à venir », a ajouté Boris Johnson, présentant ce pays d’Afrique de l’Est comme l’un des « plus sûrs du monde ». À travers cette mesure, l’Angleterre affirme vouloir « dissuader les migrants de traverser la Manche » pour rejoindre les côtes anglaises et « lutter surtout contre les réseaux de passeurs ».

De son côté, le Rwanda qui touchera 144 millions d’euros en contrepartie de ces centres offshore, « se réjouit de ce partenariat avec le Royaume-Uni pour accueillir des demandeurs d’asile et des migrants, et leur offrir des voies légales pour vivre », a indiqué dans un communiqué le ministre rwandais des Affaires étrangères, Vincent Biruta. Ce dernier a précisé que son gouvernement « proposerait la possibilité de s’installer de manière permanente au Rwanda à ces personnes si elles le souhaitent ».

Le projet des centres « offshore » pour migrants a suscité un vague d’indignation

La décision du gouvernement britannique de transférer les migrants clandestins vers des centres « offshore » au Rwanda a toutefois suscité une vague d’indignation chez les Organisations internationales et les ONG de défense des droits de l’Homme.  Amnesty International a qualifié la création de ces centres offshore d’« une idée scandaleusement mal conçue qui fera souffrir tout en gaspillant d'énormes sommes d'argent public ».

Le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a fait part de « sa forte opposition » au projet britannique. « Les personnes fuyant la guerre, les conflits et les persécutions méritent compassion et empathie. Elles ne devraient pas être échangées comme des marchandises et transférées à l’étranger pour être traitées », a déclaré le 14 avril dans un communiqué Gillian Triggs, Haut Commissaire assistante du HCR en charge de la protection internationale.

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