Un Algérien, ex-détenu au Guantanamo, devant la justice française

Saber Lahmar

Un ancien détenu de la prison américaine de Guantanamo est jugé, ce mardi 10 mai à Paris, pour propagande djihadiste et incitation au départ en Irak ou en Syrie d'aspirants au djihad. Saber Lahmar, un Algérien ayant fait sciences islamiques à l'université de Constantine, a passé 8 ans à Guantanamo avant d'être innocenté puis accueilli en France en 2009.

Le tribunal correctionnel de Paris traite à partir de ce mardi, et ce jusqu'à vendredi, le dossier de Saber Lahmar, accompagné d'un autre prévenu, Mohamed H. Ils sont accusés d'association de malfaiteurs terroriste délictuelle, selon une dépêche de l'AFP. Il faut dire que le procès sera focalisé sur Saber Lahmar considéré comme quelqu'un dont l'histoire fait écho à celle de trente ans de djihadisme mondialisé.

Saber Lahmar a fait un passage en Arabie saoudite et en Bosnie-Herzégovine

Le prévenu, né en mai 1969 en Algérie, a fait une licence en sciences islamiques à l'université de Constantine. Selon l'ordonnance de renvoi, il devient membre du Groupe islamique armé (GIA) avant d'aller en Arabie saoudite poursuivre ses études. Il ralliera ensuite Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine, où il travaillera en 1996 et 2001 dans une mosquée où convergeaient des islamistes de tous les pays. Mais les autorités bosniennes le livreront, au début de l'année 2002, aux Américains. Lui et cinq autres Algériens étaient soupçonnés d'avoir préparé un attentat contre l'ambassade US.

Saber Lahmar sera incarcéré pendant près de huit ans au fameux camp militaire de Guantanamo, à Cuba. La justice américaine finira par l'innocenter en 2008. Il fera partie des deux ex-prisonniers de Guantanamo qui bénéficieront de l'accord de l'ex-président français, Nicolas Sarkozy, visant à les accueillir sur le sol français. Lahmar ralliera finalement la France le 1er décembre 2009.

Saber Lahmar est accusé de s'en prendre aux juifs et d'avoir préparé des départs vers l'Irak et la Syrie

Grâce à son « savoir », il officiera comme guide religieux et imam à la mosquée de Saint-André de Cubzac, en Gironde. Plus précisément à environ 30 kilomètres au nord-est de Bordeaux. Cependant, et toujours selon l'accusation, il officiera aussi dans une salle de prière clandestine située au-dessus du restaurant de Mohamed H. qui est également coaccusé dans le même dossier.

D'après les mêmes accusations de la justice, l'Algérien usait de propos très violents lors de ses prêches. Aussi, il s'en prenait « aux juifs, appelant à tuer les apostats et au martyre ». Il est accusé d'être ancré dans l'islam radical. Il est aussi soupçonné d'avoir eu des liens avec des djihadistes notoires en France, à l'image de Lionel Dumont, du gang de Roubaix ou de Mohamed Achamlane, chef du groupe islamiste Forsane Alizza. Il est aussi accusé d'avoir « directement encouragé et préparé des départs » vers l'Irak et la Syrie.

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