Burkini : Ouverture d'une enquête sur des fichiers ethniques à Grenoble

Femme musulmane qui porte un burkini, au bord d'une piscine

La polémique autour de l'autorisation du port du Burkini dans les piscines grenobloises prend de plus en plus de l'ampleur. Elle prend même une dimension judiciaire. En effet, le procureur de Grenoble a annoncé, mardi 17 mai, avoir ouvert une enquête sur signalement de la préfecture de l'Isère sur l'existence possible de fichiers tenus par l'association Alliance citoyenne, à l'origine du débat sur le burkini dans les piscines de la ville.

La question de l'autorisation du port du Burkini dans les piscines de Grenoble déchaîne les passions en France. Elle est au centre d'un débat acharné entre deux pôles. Si pour certains, c'est l'application stricte de la loi sur la laïcité qui garantit la liberté de s'habiller, pour d'autres, c'est une utilisation éhontée de cette question à des fins électoralistes. Ces détracteurs du Burkini accusent ceux qui l'autorisent de lorgner du côté de l'électorat musulman pour les prochaines élections législatives.

C'est dans ce contexte que l'association Alliance citoyenne, à l'origine du débat sur le burkini dans les piscines grenobloises, est accusée d'avoir collecté des données incluant origine ethnique, mais aussi convictions politiques et religieuses des citoyens. À la suite de ces accusations, une enquête est ouverte par le procureur de Grenoble. « À la suite du signalement que le préfet de l'Isère a fait sur mon instruction, le procureur a ouvert une enquête sur de potentiels fichiers illégaux et communautaires tenus par Alliance citoyenne », a affirmé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Cette enquête concerne « des faits d'enregistrement ou conservation de données à caractère personnel sensibles sans le consentement de l'intéressé, délit puni par une peine de 5 ans d'emprisonnement et 300'000 euros d'amende », précise le procureur Éric Vaillant.

Il faut dire que l'ouverture de l'enquête fait suite à des affirmations du journal Le Parisien, qui indique après une investigation que l'association mise en causse aurait collecté pendant ses activités des données incluant origine ethnique et convictions politiques et religieuses. Il faut aussi signaler que la présence de ces fichiers ethniques avait déjà été évoquée en 2019, mais est passée inaperçue, l'année n'étant pas une période électorale.

Ainsi, les opposants au burkini mettent en avant le fait que cette association utilise du lobbying auprès de la municipalité de Grenoble pour autoriser cet accoutrement. Ils affirment que cette loi a été votée à la suite de pressions exercées par l'association Alliance citoyenne. De ce fait, ils réclament l'annulation de la décision du conseil municipal et revendiquent l'interdiction du port du burkini dans les piscines.

Ce sujet, qui prend une grande place dans les médias français, résume les décalages dans la société française à la veille des élections législatives. Il est instrumentalisé par les uns et les autres à des fins électoralistes faisant fi des véritables enjeux de cette élection et aussi des débats de fonds sur la question du pouvoir d'achat, des retraites, de la santé, etc.

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