La Tunisie se prépare à une révolution concernant la place de la religion dans l'État. Elle sera le premier pays d'Afrique du Nord à ne pas faire référence à l'islam dans sa loi fondamentale. Cette décision risque de soulever la colère des islamistes, qui s'appuient sur cet article pour revendiquer l'application de la charia (loi islamique).
La Tunisie, qui traverse une crise politique sévère ces derniers temps à la suite des décisions du président Kaïs Saïed. Des décisions qui ont soulevé la colère de certains partis politiques, organisations de la société civile et de juristes. Cette crise politique n'est pas prête à s'essouffler, sachant que les intentions du président tunisien visent à retirer aux islamistes leur fonds de commerce. En effet, selon le juriste Sadok Belaïd, chargé de la rédaction d'une nouvelle Constitution en Tunisie, la nouvelle loi fondamentale du pays sera expurgée de toute référence à l'islam.
Dans son intervention pour l'AFP, Sadok Belaïd, nommé le 20 mai à la tête de la « Commission nationale consultative pour une nouvelle République » chargée de rédiger un nouveau projet de Constitution, a indiqué qu'il soumettrait le projet pour validation au président Kaïs Saïed au plus tard le 15 juin, avant qu'il ne soit soumis à référendum, une consultation annoncée pour le 25 juillet.
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Il a révélé que « 80 % des Tunisiens sont contre l'extrémisme et contre l'utilisation de la religion à des fins politiques. C'est précisément ce que nous allons faire tout simplement en gommant l'article 1 dans sa formule actuelle ». Le juriste a insisté sur le fait que la nouvelle Constitution ne contiendrait pas de référence à l'islam. « Il y a possibilité que l'on efface l'article 1er dans sa version actuelle. Nous pouvons nous passer de mentionner une quelconque religion », explique-t-il.
La Tunisie veut interdire l'utilisation de la religion à des fins d'extrémisme politique
Ce juriste, âgé de 83 ans, ajoute dans son intervention : « Si vous utilisez la religion pour faire de l'extrémisme politique, eh bien nous l'interdirons ». « Nous avons des partis politiques qui ont les mains sales. Et bien, que vous le vouliez ou non, messieurs les démocrates français ou européens, nous n'accepterons pas dans notre démocratie des gens sales », avertit-il.
Sadok Belaïd affirme également que « Ennahdha et d'autres partis sont les suppôts de plusieurs forces, puissances, États ou mini-États étrangers qui ont beaucoup d'argent qu'ils veulent dépenser comme ils veulent et qu'ils utilisent pour intervenir dans les affaires du pays ». « Ça, c'est de la trahison », estime-t-il.
Il faut dire que la situation en Tunisie est explosive. Depuis la dissolution des assemblées élues et la décision de limoger plusieurs juges, le président tunisien est dans le collimateur de l'opposition, qu'elle soit islamiste ou d'extrême gauche. Il est accusé de vouloir s'arroger les pleins pouvoirs et d'installer une dictature.
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