5 juillet et indépendance de l'Algérie : quelques dates marquantes au long des 132 ans de présence française

Images d'archive : guerre d'Algérie

Le 1er novembre 1954, les Algériens ont pris les armes contre l'occupation française. Le 5 juillet 1962, après 7 ans et demi d'une guerre de décolonisation, l'Algérie a obtenu son indépendance. Cette longue marche vers l'indépendance a cependant connu plusieurs étapes. Tout a commencé le 14 juin 1830, lorsque les Français ont pris Alger, et tout a pris fin pour ces mêmes Français le 5 juillet avec l'indépendance de l'Algérie. Ce combat, gagné après de grands sacrifices, a connu plusieurs dates marquantes. Voici donc certaines de ces dates qui restent  gravées dans l'histoire de l'Algérie et aussi de la France.

La prise d'Alger le 14 juin 1830 et le rattachement de l'Algérie à la France en 1848

Après plusieurs années de relations en dent de scie entre la France et la régence d’Alger, qui dépend de l’Empire ottoman, notamment pour des raisons commerciales, les Français débarquent à Alger. Déjà en 1827, la France bloque le port d’Alger. 3 années après, 37000 soldats français (sources françaises) débarquent à Sidi-Fredj. L’armée d’Hussein Pacha, le dey (chef) de la régence, est vaincue officiellement le 5 juillet. Au moins 10'000 habitants fuient la ville. Le trésor de la Casbah est transféré en France. Il faut dire que les troupes (les Janissaires) du Dey n'offrent qu'une faible résistance (bataille de Satouëli le 19 juin et de Sidi-Khalef le 24 juin).

Après la capitulation du Dey et la signature de l'armistice, l’Algérie devient officiellement territoire français en 1848. Elle est divisée en 3 départements : Alger, Oran et Constantine. Dans les années suivantes, des rébellions se poursuivent partout dans le pays. La Kabylie n'est annexée qu'en 1857 après la défaite de Lalla Fatma N'Soumer1 qui a pris les armes avec une forte armée contre les colonisateurs français.

Révolte de l'Émir Abdelkader

L'État d'Abdelkader, ou l'Émirat d'Abdelkader, a été formé sur les parties centrale et occidentale de l'Algérie durant la conquête de l'Algérie par la France. Cet État est dirigé par l'émir Abdelkader de 1832 à 1847, et ses capitales sont successivement Mascara, et Tagdemt. L'Émir, qui s'est insurgé contre la présence française, a capitulé après 15 ans de guerre contre les colonisateurs.

Octobre 1870 : naturalisation des Juifs d'Algérie

Le décret Crémieux attribue officiellement la citoyenneté française aux 37'000 Juifs algériens, créant un déséquilibre inédit avec les 3 millions de musulmans. Ce décret a réussi à diviser les Algériens en deux classes : les indigènes, considérés comme citoyens de seconde zone, et ceux qui sont devenus Français.

16 mars 1871 : révolte de Mokrani

Depuis les montagnes des Bibans en Kabylie, El-Mokrani2 lance une révolte qui s’étend à une grande partie de l’Algérie, dans un contexte d’accélération de la confiscation des terres et de l’arrivée de colons européens. C’est l'une des plus importantes des insurrections que connut l'« Algérie française » avant celle du 1er novembre 1954. À la différence de cette dernière, elle ne devait pas s’étendre à l’ensemble du territoire, mais toutes deux prirent leur essor dans le centre et l’Est du pays. La révolte d'El-Mokrani a été durement réprimée. Les populations, notamment en Kabylie, ont payé très cher leur engagement contre la présence française.

8 mai 1945 : émeutes et massacres à Guelma, Sétif et Kheratta

Le 8 mai 1945, l'« axe du bien » fête la victoire contre l'« axe du mal ». Adolf Hitler est vaincu. Partout dans le monde, on célèbre la fin d'une guerre atroce. En Algérie, encore sous colonisation française, cette fête s'est transformée en massacre. Le monde libre a refusé leur liberté aux Algériens et la date du 8 mai restera gravée dans les mémoires.

Ce jour-là, des milliers de manifestants ont été tués à travers plusieurs villes du pays, marquant un virage dans la lutte pour la libération de l'Algérie. Les militants pour l'indépendance ont compris que devant cette sauvagerie du colonialisme, seules les armes peuvent faire la différence.

À Sétif, Galma et Kherata, notamment, l'armée française a tiré sur les « indigènes » sortis manifester pacifiquement3. Ce jour-là, les Algériens sont sortis dans ces villes pour fêter la victoire alliée sur le nazisme, tout en réclamant l'indépendance de leur pays. Les soldats français les ont accueillis avec des tirs nourris qui ont fait des milliers de morts.

1er novembre 1954 : début de la guerre de libération algérienne

En une nuit, de nombreuses attaques ont lieu sur le territoire algérien, faisant une dizaine de morts. Le Front de libération national (FLN) est né. Lancé par de jeunes activistes au sein du MTLD, le parti nationaliste de Messali Hadj, il choisit le combat armé et prône l’indépendance et le passage à l’action directe, via l’Armée de libération nationale (ALN). Cette insurrection coordonnée est l’aboutissement d'un processus politique qui s'est retrouvé sans horizon.

Au début de cette guerre, les Français, pris de court, considéraient cette révolution comme des événements isolés. Cependant, c'était le début de la Guerre d’Algérie, qui a amené l'indépendance du pays. À ce jour, la déclaration du 1er novembre4 est considérée comme une référence, ainsi qu'un document politique révérenciel en Algérie.

20 août 1956 : Congrès de la Soummam

L'organisation du Congrès de la Soummam5, le 20 août 1956, a été une étape incontournable pour l’évaluation de la première étape de la révolution armée et la mise en place des grandes lignes afin de poursuivre la lutte et la planification de l’action politique pour l’obtention de l’indépendance nationale. Il fut aussi une procédure efficace pour fournir à la révolution un commandement central uni. Le congrès était tenu à Ouzelaguen, dans la région d’Ifri, wilaya de Béjaia.

Ce congrès a vu la participation des figures de proue de la révolution, tels Larbi Ben M'hidi, Abane Ramdane, Amar Ouamrane, Krim Belkacem, Zoghoud Youcef et Lakhdar Bentoubal. De ce congrès est sortie la plateforme de la Soummam, considérée comme un texte fondateur de la nation algérienne.

18 mars 1962 : accords d'Évian

À l’issue de pourparlers secrets avec le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA6), la conférence d’Évian est ouverte le 7 mars 1962. Les accords sont conclus 11 jours plus tard. La France et le FLN se sont mis d'accord pour un cessez-le-feu le 19 mars.

Les accords d'Évian forment alors un ensemble complexe de textes signés le 18 mars 1962 par les représentants du gouvernement français et ceux du gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) à l'issue de la seconde conférence d'Évian. Ces textes comportent un accord de cessez-le-feu, une procédure de transfert de souveraineté de la France à un nouvel État algérien dans le cadre d'une phase de transition et la définition des rapports futurs entre les deux États.

Le préambule, intitulé « Conclusion des pourparlers d’Évian », en résumait le contenu. Il indiquait l'organisation des pouvoirs publics pendant la période transitoire entre la signature des accords et l’indépendance (coexistence d'un haut-commissaire de la République en Algérie, responsable en dernier ressort du maintien de l'ordre et d'un exécutif provisoire algérien à majorité musulmane) et stipulait la tenue d’un référendum d'autodétermination qui devait ratifier les accords et créer l'État algérien dans un délai de 3 à 6 mois.

5 juillet 1962 : indépendance de l'Algérie

Le 1er juillet 1962, après presque 8 années de guerre, les Algériens sont appelés dans les bureaux de vote pour répondre à la question : « Voulez-vous que l'Algérie devienne un État indépendant, coopérant avec la France, dans les conditions définies par la déclaration du 19 mars 1962 ? »

Les électeurs et électrices se déplacèrent en masse dans les bureaux de vote. Ils sont 99,72 % à répondre par « oui » à cette question. L’Algérie proclame donc son indépendance le 5 juillet 1962. Le gouvernement provisoire de la révolution algérienne (GPRA) arrive à Alger. Cependant, après la proclamation de cette indépendance, d'autres événements ont suivi et des luttes ont eu lieu pour la prise du pouvoir.


  1. Lalla Fatma N'Soumer, Wikipédia 

  2. Cheikh El Mokrani, Wikipédia 

  3. 8 mai 1945 : quand la France tirait sur les Algériens 

  4. Déclaration du 1er novembre 1954, Wikipédia 

  5. Congrès de la Soummam 

  6. Gouvernement provisoire de la République algérienne, Wikipédia 

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