Réchauffement entre l'Algérie et la France : Le lobbying marocain passe à l'offensive

Abdelmadjid Tebboune, Mohammed VI et Emmanuel Macron

Le lobbying marocain  reste toujours très actifs en France. Depuis la récente visite d'Emmanuel Macron en Algérie plusieurs plumes se sont exprimés pour défendre les intérêts du Maroc. Dans ce contexte marqué par une crise profonde entre les deux voisins et "amis" de la France, Laurent Gayard apporte son eau au moulin chérifien, en signant une tribune dans laquelle il appelle Emmanuel Macron à ne pas sacrifier Rabat pour Alger.

Enseignant et chroniqueur à la Revue des Deux Mondes, à la Revue Phébé, au Magazine Causeur et à la Revue Conflits, Laurent Gayard a commencé par la récente visite d'Emmanuel Macron en Algérie qu'il n'a pas manqué de critiquer. "Depuis le début de son premier mandat, Emmanuel Macron a fait de la réconciliation franco-algérienne une affaire personnelle. Mais ce faisant et pour beaucoup d'observateurs, le président français s'est laissé enfermer dans le piège mémoriel et dans la rhétorique du ressentiment, devenu l'axe essentiel de la politique étrangère algérienne quand elle touche à la France. Au point de dangereusement négliger d'autres possibles, et plus fructueuses, alliances dans la région", a-t-il écrit.

Selon lui, "le processus de réconciliation mémorielle a peu de chances d'aboutir". Cependant, ajoute-t-il, "la relance du dialogue franco-algérien peut répondre à une urgence, celle du gaz ". Une relance, croit-il savoir, qui "ne peut pas s'inscrire dans une problématique sécuritaire et stratégique de long terme". Gayard a également évoqué les relations diplomatiques algériennes qu'il juge contraires aux intérêts de l'Occident. "La république algérienne n'a cessé de renforcer les liens déjà anciens entretenus avec Moscou", écrit-il. La preuve ? "La visite du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, le 10 mai dernier, (qui) a précédé celle d'Emmanuel Macron en août".

Pour Laurent Gayard, l'Algérie est "ambivalente" et le Maroc "un allié historique de l'occident"

Le chroniqueur chantera ensuite les louanges du Maroc. "Contrairement à l'Algérie, extrêmement ambivalente, le Maroc est un allié historique de l'Occident, et l'expression n'est pas vaine si l'on considère que le royaume chérifien, dont la création remonte à 789 ap. J.C., avec la fondation de la ville de Fès, qui devient capitale du nouveau royaume en 791, a été le premier état à reconnaître l'indépendance des États-Unis d'Amérique en 1777", a-t-il, entre autres, écrit.

De fil en aiguille, il arrive aux relations entre le Maroc et l’Espagne qui se seraient améliorées au point de pouvoir évoquer "une véritable lune de miel diplomatique entre Madrid et Rabat". Puis, en guise de conclusion, il s’attaque au choix de la France de vouloir ouvrir une nouvelle page dans ses relations avec Alger. "À force de vouloir trop miser sur l'Algérie, la France court le risque de privilégier les alliances de circonstance au détriment de sa crédibilité dans la région. Il importe qu'Emmanuel Macron ne soit pas tenté de sacrifier Rabat pour Alger", estime Gayard. "Rabat a beaucoup d'atouts à faire valoir, dont d'autres puissances que la France ont plus nettement conscience : sa stabilité politique, la diversification et le dynamisme d'une économie où le secteur tertiaire joue déjà un grand rôle, ainsi que la reconnaissance diplomatique dont jouit le royaume", conclut-il.

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