Medvedev évoque la guerre d'Algérie pour justifier l'invasion russe en Ukraine

Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev

À la guerre comme à la guerre ; chacun fait avec ses moyens. Et entre la Russie en offensive ouverte contre l'Ukraine et la France, c'est la guerre des mots dans tout ce qu'elle a de « blessant ». En effet, Medvedev a asséné une pique des plus douloureuses à Macron, en lui rappelant le passé colonial de son pays. Est-elle la meilleure manière de justifier la politique expansionniste de la Russie ? Pas si sûr…

Lors d'une interview sur France 2, Macron a accusé la Russie de mener une politique de « déstabilisation » du Caucase sur fond de conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. « La Russie s'est immiscée dans ce conflit, elle a manifestement joué le jeu de l'Azerbaïdjan pour affaiblir l'Arménie », a déclaré le président français. Et d'ajouter : « C'est une manœuvre de déstabilisation de la [part de la] Russie qui cherche à créer le désordre pour tous nous affaiblir et nous diviser ».

Cette accusation ne passera pas inaperçue, puisque le vice-président du Conseil de sécurité de la Russie, Dmitri Medvedev, se chargera de répondre à celui qui l'a formulée. Et c'est en termes assez crus qu'il l'a fait : « Macron accuse la Russie pour se disculper et se montrer noble. Mais il nous faudrait nous rappeler ce qu'a fait la France dans ses anciennes colonies », a-t-il écrit sur son compte VKontakte. Medvedev s'est, dans la foulée, demandé : « combien de rivières de sang ont coulé au Mali, au Rwanda, au Congo et en Algérie? »

Ukraine et Guerre d'Algérie : Justifier l'indicible par l'indicible

« La politique de décapitation, des villages entièrement détruits, les puits remplis de cadavres, employée par la France dans les pays pauvres colonisés demeure éternellement une tache sur la conscience des Français », a ajouté l'ancien président russe qui estime que « le passé colonial de la France suscite l'écœurement ».

Rappelons que ce n'est pas la première fois que le passé colonial de la France, notamment en Algérie, est évoqué dans le but discréditer « le pays des droits de l'Homme ». En 2012, après l'adoption par le Parlement français d'une loi pénalisant la négation du génocide arménien, Erdogan a rappelé à la France avoir commis un « génocide » en Algérie entre 1830 et 1962. Le Premier ministre algérien de l'époque a alors recadré le président turc, en déclarant : « nous disons à nos amis (turcs) de cesser de faire de la colonisation de l'Algérie un fonds de commerce. Chacun est libre dans la défense de ses intérêts, mais personne n'a le droit de faire du sang des Algériens un fonds de commerce ». Le président de la Turquie – pays qui, rappelons-le, a constamment voté contre l'indépendance de l'Algérie à l'ONU – a récidivé en qualifiant ce passé de « sale et de sanglant ».

Dès lors, il est à se demander s'il est politiquement « correct » de justifier l'indicible par l'indicible. Car ni le « génocide » algérien ne « lave » la Turquie du génocide arménien ni le passé colonial de la France et la Guerre d'Algérie ne sont en mesure de justifier l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

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