Coupe du monde 2022 : Le Qatar refuse d'indemniser les travailleurs migrants victimes d'« abus »

Coupe du Monde au Qatar

Le Qatar ne va pas indemniser les travailleurs migrants victimes d’« abus » sur les différents chantiers du Mondial 2022, comme cela avait été réclamé par plusieurs ONG. En effet, dans un entretien accordé mercredi 2 novembre à l’AFP, le ministre du Travail qatari a rejeté catégoriquement la création d'un fonds d'indemnisation pour les migrants, tués ou blessés, ayant travaillé sur les chantiers dédiés à la Coupe du monde.

À quelques jours du début du Mondial de football FIFA-2022, le Qatar continue à essuyer des critiques de la part de nombreuses ONG des droits de l’Homme. Il faut dire que ces critiques ne sont pas nouvelles et elles concernent notamment le sort de milliers de migrants étrangers ayant contribué à la réalisation des différents chantiers de cette compétition planétaire.

En effet, depuis le début des préparatifs pour la Coupe du monde en 2010, le Qatar est régulièrement pointé du doigt par les ONG internationales de défense des droits de l'Homme pour le traitement réservé aux centaines de milliers de travailleurs sur les grands chantiers dédiés à cet événement. C'est le cas de l'ONG Amnesty International, qui a demandé, en août 2021, aux autorités du Qatar d'enquêter sur « la série de morts inexpliquées parmi les travailleurs migrants » sur les chantiers de la Coupe du monde 2022 dans le pays.

Des ONG appellent le Qatar à indemniser les travailleurs étrangers « maltraités »

Amnesty International est revenue à la charge en mai dernier, soit à huit mois du coup d’envoi du Mondial 2022, pour réclamer à la FIFA d'indemniser les travailleurs migrants « maltraités » au Qatar, à hauteur de plus de 400 millions de dollars. « La FIFA devrait consacrer au moins 440 millions de dollars (environ 418 millions d'euros) à la réparation des dommages subis par les centaines de milliers de travailleurs migrants victimes de violations des droits humains au Qatar pendant les préparatifs de la Coupe du monde 2022 », indiquait Amnesty International dans son communiqué datant du 19 mai.

Alors que l’événement approche à grands pas, plusieurs voix se sont élevées, notamment en Europe, pour appeler au boycott du Mondial qatari. D’anciennes stars du ballon rond à l’instar de l’ex-international français Eric Cantona, mais également plusieurs villes européennes, ont annoncé leur intention de ne pas suivre cette Coupe du monde. Cette campagne de boycott s'est notamment intensifiée en France.

En dépit de toutes ces critiques, le Qatar ne semble pas inquiet. Bien au contraire, les autorités de ce richissime pays du Golfe se disent opposées à la création d’un fonds d’indemnisation pour les travailleurs migrants tués ou blessés sur les chantiers de construction des infrastructures du Mondial comme cela avait été suggéré par des ONG des droits de l’Homme.

Les critiques sont parfois « motivées par le racisme », dénonce le ministre qatari du Travail

Dans un entretien accordé mercredi 2 novembre à l’agence AFP, le ministre du travail qatari, Ali Ben Samikh Al-Marri, affirme qu’un tel fonds de compensation « n’était pas réalisable ». Il a qualifié les appels des ONG à ce sujet d’un « coup de communication ». Le ministre a rappelé à ce propos que son pays avait mis en place en 2018 un fonds d'indemnisation pour les travailleurs ne percevant pas leur salaire, avançant le chiffre de 320 millions d'euros versés rien qu'en 2022. « Si une personne ayant droit à une indemnisation ne l'a pas reçue, qu'elle se manifeste et nous l'aiderons », a-t-il affirmé.

« Chaque mort est une tragédie [mais] il n’y a pas de critères pour établir ce fonds, avance Ali Ben Samikh Al-Marri. Où sont les victimes ? Avez-vous les noms ? » s’interroge le ministre qui dénonce des tentatives de « discréditer le Qatar avec des affirmations délibérément trompeuses ». Selon lui, certains hommes politiques étrangers font du pays du Golfe « une arène pour résoudre leurs propres problèmes politiques ». Ces critiques sont parfois « motivées par le racisme », d’après lui. « Ils ne veulent pas permettre à un petit pays, un pays arabe, un pays musulman d’organiser la Coupe du monde », poursuit-il.

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