Sahara occidental : Révélations de la CIA sur l'accord entre le Maroc et l'Espagne

La question du Sahara occidental et de son abandon par l'Espagne au Maroc refait surface. Des documents de la CIA apportent de nouvelles révélations sur une période importante dans ce conflit. En effet, de nouveaux documents déclassifiés par la CIA lèvent en partie le voile sur les circonstances du déroulement de la Marche verte décidée par le Maroc en 1975.

Ainsi, selon ces documents, la marche verte organisée par le Maroc n'a pas eu lieu en tant que manifestation contre l'Espagne, qui était encore présente au Sahara occidental. Les documents de la CIA révèlent donc que l’entrée des Marocains au Sahara était le fruit d’un accord conclu entre Juan Carlos, alors prince héritier et le roi Hassan II. Parmi les 930 000 documents secrets déclassifiés, l'un d’eux se rapporte aux tractations entre le prince héritier Juan Carlos, alors chef des armées et chef d’État par intérim, et le roi Hassan II concernant l’avenir du Sahara occidental.

Ces révélations corrigent ainsi la version marocaine sur cette question. En effet, lors du lancement le 6 novembre 1975 de la Marche verte vers le Sahara occidental avec la participation de 350 000 Marocains, selon les médias du royaume, les soldats espagnols stationnés à Laâyoune avaient affirmé qu'ils étaient  dans l’incapacité d’empêcher la progression des marcheurs. L’option du recours à la force étant écartée.

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Un compromis avait été conclu entre Rabat et Madrid

Mais les révélations apportent beaucoup de précisions. Les documents de la CIA affirment que contrairement à la version officielle, avant l'arrivée des marcheurs, un compromis avait été conclu entre Rabat et Madrid. « Les manifestants entrent seulement quelques miles au Sahara espagnol en vue d’y rester quelque temps aux abords du territoire où il n’y a pas de troupes espagnoles », révéla Juan Carlos à l’ambassadeur américain Wells Stabler. Et d’ajouter qu’ « une délégation composée d’une cinquantaine de Marocains aura le droit d’entrer à Laâyoune », la capitale du Sahara occidental, révèlent les documents.

Ces  documents précisent que les zones non autorisées aux marcheurs étaient signalées par le terme « champs de mines ». Le prince héritier a confié au diplomate américain que les soldats espagnols au Sahara ont reçu l’ordre d’« user de tous les moyens à leur disposition pour empêcher que les Marocains ne traversent ces lignes ». Suite à cette marche, le compromis entre Rabat et Madrid allait se concrétiser quelques jours plus tard lors de la signature des accords de Madrid, le 14 novembre 1975 entre des représentants marocains, espagnols et mauritaniens sur le partage du Sahara. Un partage dénoncé par le Polisario, qui se bat toujours contre l'occupation marocaine et qui dénonce le marché conclu entre Rabat et Madrid.


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