Entre Maroc et Sahara occidental : l'Espagne face à ses contradictions

José Manuel Albares, ministre espagnol des Affaires étrangères

Concernant la question du Sahara occidental, l'Espagne semble ne pas savoir sur quel pied danser. Au moment où le président du gouvernement, Pedro Sánchez, affirme que son pays soutient une « solution politique mutuellement acceptable pour les deux parties », son ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, lui, dit toujours soutenir le plan marocain pour l'autonomie de la région.

Les propos de José Manuel Albares ne prêtent à aucune confusion. Dans un entretien accordé au média espagnol La Razon, il a clairement affirmé que « le pacte passé avec Rabat est respecté » et que la feuille de route tracée entre les deux pays poursuit son cours. « C'est une feuille de route, et en tant que feuille de route, elle se développe dans le temps et est appelée à perdurer. Il existe une relation très étroite entre l'Espagne et le Maroc en raison de notre position géographique, de nos liens historiques, culturels, économiques, familiaux et personnels », a-t-il déclaré.

Selon lui, l'une des preuves que le « pacte » tient toujours est que les entrées illégales de migrants vers l'Espagne depuis le Maroc ont baissé de 20 %. Il a aussi évoqué le commerce entre les deux pays, qui aurait « augmenté de 30 % ». Et cerise sur le gâteau : le ministre espagnol des Affaires étrangères a annoncé la tenue, avant la fin de l'année, de la réunion de haut niveau entre les deux gouvernements.

Le poids de l'Algérie sur la position de l'Espagne

Ces déclarations laissent perplexe, d'autant que le président du gouvernement d'Espagne a, durant la 77e Session ordinaire de l'Assemblée générale de l'ONU, affiché une position contraire1. Il avait, en effet, affirmé que l'Espagne soutient une « solution politique mutuellement acceptable dans le cadre de la Charte des Nations unies et des résolutions du Conseil de sécurité ». Aussi, avait-il ajouté qu'elle continuera à soutenir « le travail de l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU ».

Le chef de l'État algérien n'avait d'ailleurs pas tardé à réagir aux propos du président du gouvernement espagnol les jugeant positifs2. « Il semble que l'Espagne commence à revenir à la position de l'Europe sur le Sahara occidental », a-t-il déclaré à l'ouverture de la réunion gouvernement-walis tenue le 24 septembre 2022. Les analystes ont vu dans la « nouvelle » position de Sánchez et la réaction du chef de l'État algérien un début de la fin de la crise entre l'Algérie et l'Espagne, et que l'Algérie, grâce à l'atout du gaz à l'approche de l'hiver, a pu peser lourdement dans le dossier du Sahara occidental. Mais la nouvelle sortie du ministre espagnol des Affaires étrangères brouille toutes les cartes.


  1. Propos de Pedro Sánchez à l'ONU : L'Espagne change-t-elle sa position par rapport au Sahara occidental ? 

  2. Abdelmadjid Tebboune réagit aux nouvelles déclarations de Pedro Sánchez sur le Sahara occidental 

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