Une enseignante sous protection policière après une remarque à une élève en abaya

En France, le fossé se creuse de plus en plus entre les différents courants politiques sur certaines questions. Le débat sur la laïcité, son interprétation et les champs de son application se durcit. L'école s'est retrouvée  au centre de ces débats, notamment avec l'augmentation du nombre d'élèves portant des habits islamistes  ; contraires à la loi pour certains, et considérés comme des habits culturels pour d'autres. C'est dans ce contexte de tiraillements qu'une professeure est placée sous protection policière à la suite d'une remarque qu'elle a faite à une élève en abaya (robe large mise généralement avec le voile).

L'histoire aurait pu passer inaperçue sans les réseaux sociaux. Cependant, la diffusion par l'élève d'une vidéo de sa discussion avec sa professeure d'espagnol a mis le feu aux poudres. En effet, depuis la mi-septembre, lorsque cette professeure a fait cette remarque à la lycéenne portant une abaya, la situation s'est envenimée. Les évènements ont pris une telle ampleur que l'établissement et le domicile de l'enseignante ont été mis sous protection policière.

Tout a commencé le 23 septembre. La lycéenne, âgée de 17 ans, porte une abaya et raconte avoir été moquée par sa professeure d'espagnol pendant son cours au sujet de cette tenue. À la sortie de la classe, la lycéenne et la professeure discutent. L'élève filme alors L'enseignante qui la réprimande sur son vêtement. « Elle va voir ce qu'Allah va lui faire », commente alors la jeune fille dans une vidéo qu'elle publiera sur le réseau social TikTok. Cependant, elle a pris soin de flouter le visage de la professeure et de modifier sa voix.

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Afin de protester contre les propos de sa professeure, l'élève a également appelé ses camarades, en signe de protestation, à venir avec une abaya1. Cela s'est produit après le retour des vacances. Un mouvement peu suivi selon, le rectorat de Toulouse, qui indique tout de même que « sur 2500 élèves au lycée Bourdelle, il y a une vingtaine de jeunes filles qui portaient l'abaya depuis la rentrée scolaire ». « Nous avons mis en place une procédure qui permet de sanctionner automatiquement toute tentative d'atteinte à la laïcité de manière graduée », précise le recteur.

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En ce qui concerne la vidéo, l'une des avocates de la jeune fille a indiqué qu'il s'agissait de « propos pour que l'enseignante soit finalement sanctionnée, absolument pas d'une manière radicale, mais de manière hiérarchique, voire judiciaire ». Cette avocate regrette que « ces propos-là [aient] été interprétés d'une façon dure, et lui ont valu d'être considérée comme une petite radicalisée ». De son côté, le rectorat de Toulouse, ayant jugé que la lycéenne porte cette tenue « de manière systématique en le revendiquant », a décidé de prendre des mesures disciplinaires à son encontre.

Cette affaire a également pris une envergure sécuritaire. La jeune fille a été entendue par les forces de l'ordre pour atteinte à la vie privée après la plainte de la professeure et du chef d'établissement pour la diffusion de la vidéo. « Cet enregistrement est illégal et sa diffusion renforce le caractère de dangerosité de l'acte », explique le chef de l'établissement. À la suite de ces décisions, l'élève a quitté l'établissement et a aussi porté plainte pour propos discriminatoires. « Elle a essuyé bien en amont de cette affaire de récurrentes réflexions de la part tant du corps enseignant que du personnel administratif. Et ce jour-là, elle s'est sentie profondément humiliée », justifie l'avocate de la jeune fille.

Il faut dire que malgré qu'il n'y ait pas de menaces avérées sur la professeure et le lycée, l'établissement est désormais sous protection policière aux heures d'entrée et de sortie. Le domicile de la professeure est également placé sous protection policière.

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