Le conflit autour de l'immigration divise le Québec et le Canada

Immigration au Québec

La polémique sur le nombre d'immigrés que pourra accueillir le Québec continue au Canada. En effet, pour faire face au manque de main-d'œuvre, le gouvernement canadien de Justin Trudeau a décidé d'accueillir près de 1,5 million d'étrangers d'ici l'année 2025. Cependant, le Premier ministre québécois François Legault n'adhère pas au projet du gouvernement fédéral. Le Premier ministre canadien revient donc à la charge et affirme que cette province pourra recevoir un lot plus important que celui qu'elle réclame.

Ainsi, pour le Premier ministre canadien Justin Trudeau le Québec peut très bien recevoir 112 000 immigrants annuellement, et essentiellement des francophones, de sorte à maintenir son poids politique au pays tout en protégeant le français. « Le Québec a actuellement la pleine capacité d’accueillir 112 000 immigrants par année. […] C’est un constat », a déclaré ce responsable lors d’une entrevue de fin d’année avec La Presse canadienne.

Justin Trudeau explique que le Québec a déjà « tous les outils » pour s’assurer que « la quasi-totalité de ces gens-là seraient francophones ». Il considère que l’immigration est « une solution importante » à la pénurie de main-d'œuvre au Québec et dans le reste du pays. « Il y a des entrepreneurs en Beauce qui n’arrivent pas à embaucher assez de monde pour remplir leurs contrats », a donné comme exemple le Premier ministre canadien.

Le Québec ne veut pas plus d'immigrés

Revenant sur la position du Québec1, Justin Trudeau a réaffirmé que cette province « n’a pas besoin » de sacrifier son poids dans le Canada sur l’autel de l’économie et devrait considérer d’augmenter ses seuils d’immigration. « Ça, c’est une réflexion que le gouvernement du Québec peut tout à fait entreprendre et devrait entreprendre », a-t-il souligné.

Justin Trudeau répond donc au Premier ministre du Québec, François Legault, qui considère qu'il serait carrément « suicidaire » que sa province accueille plus de 50 000 immigrants permanents par année, comme c’est le cas en ce moment. Il en va, selon lui, du respect de la « capacité d’accueil, de francisation et d’intégration ».

Il faut également souligner qu'aucun des principaux partis politiques au Québec ne croit que la capacité d’intégration de la province atteint les six chiffres. Durant la récente campagne électorale, Québec solidaire proposait une fourchette de 60 000 à 80 000 par an, le Parti libéral un seuil de 70 000 et le Parti québécois un seul de 35 000. Cependant, le Premier ministre canadien a tenu à ne pas exacerber les tensions avec la province. Il a nuancé ses propos en déclarant : « je ne suis pas en train de le recommander (les 112 000 immigrants) non plus ».

Le gouvernement de la province du Québec irrité par les déclarations de Justin Trudeau

La ministre de l’Immigration du Québec, Christine Fréchette, a réagi fermement aux déclarations du Premier ministre fédéral. Pour cette responsable Justin Trudeau est « insensible » aux besoins spécifiques du Québec en matière d’immigration et à sa position particulière au sein du Canada. Cette ministre n'est pas la seule à réagir, le gouvernement Legault est agacé par la sortie du Premier ministre canadien et ne partage pas du tout cette vision des choses.

« C’est au Québec, et au Québec seul, de déterminer ses seuils d’immigration », a rappelé la ministre de l'Immigration du Québec. Elle a affirmé que « le Québec a un double défi, qui est unique au Canada : réduire la pénurie de main-d’œuvre, tout en freinant le déclin du français, ce à quoi M. Trudeau semble rester insensible ». Cette ministre rappelle également que depuis une trentaine d’années Québec et Ottawa ont convenu d’une entente qui octroie des pouvoirs au gouvernement du Québec en matière d’immigration.

Le gouvernement de la province persiste donc et signe. Il n'a pas l’intention de revoir à la hausse sa cible pour 2023, soit d’accueillir un maximum de 50 000 immigrants permanents sur un an, donc moins de la moitié de la cible de 112 000 souhaitée par Trudeau. Pour ce gouvernement provincial, Justin Trudeau devrait plutôt « régler des problèmes concrets, comme s’attaquer au taux de refus encore trop élevé d’étudiants africains francophones et indemniser le Québec pour les arrivées massives par le chemin Roxham », au lieu de s’immiscer dans le débat sur les seuils d’immigration au Québec.

Il faut dire que le gouvernement provincial a d'autres objectifs. Le Premier ministre François Legault a récemment dit souhaiter que le Québec sélectionne 100 % d’immigrants économiques francophones d’ici 2026. Il veut ainsi augmenter la proportion actuelle qui se situe plutôt autour de 60 %. Pour dépasser ces différends et discuter de l’avenir du français au Québec, le Premier ministre Legault et le Premier ministre Trudeau vont se rencontrer le 16 décembre à Montréal.


  1. Le Québec ne veut pas accueillir plus d'immigrants 

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