Pour des raisons multiples, les médecins algériens préfèrent l'exil et partent exercer sous des cieux plus cléments. En chiffres, ils sont en effet des milliers à quitter l'Algérie chaque année, faisant le bonheur d'autres systèmes de santé de par le monde, notamment celui de la France. Une saignée !
Les professionnels de la santé publique évoquent également une « hémorragie » en parlant de ce phénomène d'exode des médecins algériens. « Il y a énormément de départs. Au niveau de notre structure (l'Ordre national des médecins, NDLR), nous sommes sollicités pour des documents requis à nos médecins par les institutions étrangères. Dans la seule région d'Alger, nous avons une trentaine de demandes de départs par semaine. C'est une véritable hémorragie ! » déplore Dr Mohamed Bekkat Berkani, président de l'Ordre national des médecins.
Pour parer à cette hémorragie, « il faut s'assurer que ces jeunes diplômés exercent leur métier de médecin […] Il faut également leur offrir des solutions socioprofessionnelles évolutives dans le temps »1, plaide Bekkat Berkani lors de son intervention le dimanche 18 décembre sur les ondes de la Chaîne 3 de la Radio nationale algérienne.
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Ce n'est pas la première fois que les spécialistes alertent sur ce phénomène, qui ne fait d'ailleurs qu'accentuer le mal d'un système de santé algérien à l'agonie. « C'est une saignée pour le système de santé et pour tout le pays », mettait en garde de son côté en novembre dernier le Pr Rachid Belhadj, président du syndicat national des professeurs et chercheurs universitaires, directeur des activités médicales et paramédicales à l'hôpital Mustapha Pacha d'Alger.
Le président du Syndicat national des professionnels de santé publique (SNPSP), Lyes Merabet, avait lui aussi, fait état, en février 2022, de 1200 médecins algériens qui ont réussi les épreuves de vérifications des connaissances (EVC) en France23. Ces praticiens rejoindront les 5000 médecins algériens déjà en exercice dans les différentes structures sanitaires françaises, selon les chiffres révélés récemment par le président l'Ordre national des médecins, le docteur Mohamed Bekkat Berkani. À ceux-là s'ajoutent les médecins qui choisissent d'autres pays comme ceux du Golfe.
Pourtant, en janvier 2022, le Premier ministre, qui présidait la cérémonie d'ouverture des Assises nationales de la médecine, avait relevé la nécessité de stopper « les départs massifs des médecins à l'étranger ».