Le Maroc fait face à la levée de boucliers de l'Union européenne. Les députés européens s'apprêtent à voter une résolution contre le royaume. Cependant, fidèle aux jeux de coulisses dans lesquels le royaume excelle, le Maroc ne compte pas rester les bras croisés. Il met en branle ses appuis au sein du parlement pour bloquer cette résolution.
En effet, connu pour ses réseaux au sein du parlement européen, le Maroc exerce une grande pression sur les députés. En se penchant ce 19 janvier sur la question des droits humains au Maroc, les députés européens vont devoir s'exprimer sur les atteintes aux libertés dans le royaume. Pour contrecarrer cette résolution que le parlement s'apprête à voter, le Maroc mène un lobbying intense à Strasbourg. Ainsi, selon des sources médiatiques, Rabat a délégué ses émissaires à Strasbourg pour défendre sa réputation et vendre ses arguments.
Avant ce jeudi, des députés européens ont déjà dénoncé la présence des Marocains au sein du parlement européen. Une eurodéputée socialiste française a souligné cette présence à Strasbourg. Elle a déclaré « allez voir au bar des eurodéputés, il y a plus de Marocains que de parlementaires ». Cette présence massive est également confirmée par l'eurodéputée belge Saskia Bricmont (Groupe des Verts), membre de la commission mixte Maroc-Union européenne. Cette députée a indiqué que les Marocains sont coutumiers à ce genre de pratique. « Être présent, c’est une forme de lobbying. Ils savent que le fait qu’ils soient sur place, dans les murs mêmes du Parlement, peut influencer la prise de parole », a-t-elle expliqué.
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L'offensive marocaine au parlement européen
Le Maroc panique. Il est entrain de perdre sa position de pays protégé par l'Union européenne. Cette levée de boucliers a commencé suite au scandale de corruption qui a secoué ce parlement. Pour la première fois depuis des décennies, une résolution contre le royaume est possible. Cette résolution a été validée dans son principe par la Conférence des groupes politiques du Parlement européen, le 12 janvier.
Le Maroc n'a pas tardé à réagir. Le 15 janvier, Lahcen Haddad, président de la délégation marocaine au sein de la commission parlementaire mixte UE-Maroc, a envoyé une lettre aux eurodéputés dans laquelle il dénonce une ingérence dans le fonctionnement de la justice marocaine en ce qui concerne le cas du journaliste Omar Radi, qu'il a qualifié de « détenu de droit commun ». Lahcen Haddad a également vanté les progrès du Maroc en matière de droits humains. Il a profité de l'occasion pour détourner l'attention des eurodéputés sur l’Algérie sur laquelle les eurodéputés « gardent un silence mystérieux », selon lui.
En parallèle à cette lettre, un e-mail a été envoyé à de nombreux eurodéputés pour les informer qu’une délégation parlementaire marocaine issue de la commission mixte UE-Maroc, composée des députés : Ait Manna Hicham, Zaina Chahim, Majid Fassi Fihri et Fatima Zahra Bentaleb, « souhaite les rencontrer le mardi 17 ou le mercredi 18 janvier au Parlement européen à Strasbourg pour discuter de questions d’intérêt commun et de la situation des droits de l’homme ».
Reste à savoir si le royaume réussira, une autre fois, à bloquer une résolution du parlement européen, ou si le vent a véritablement tourné. En tout cas, c'est un véritable exercice du parlement européen pour prouver que les anciennes pratiques appartiennent aux anciens temps.
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