L'UE vote une résolution pour condamner les agissements du Maroc

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Éclaboussé par un scandale de corruption de grande envergure, le parlement européen veut redorer son blason. En effet, depuis plus d'un mois la presse fait état de la protection dont bénéficie le Maroc de la part des institutions européennes grâce à son lobbying très efficace. Depuis l'éclatement du scandale, les évènements s'accélèrent.

La question des droits humains dans le royaume ne sera pas occultée au parlement européen, comme se fut le cas avant. Ce parlement tient une séance plénière ce 19 janvier pour discuter des droits humains au Maroc. Le parlement européen s'apprête donc à voter une résolution qui condamne le Maroc. Le texte de cette résolution, qui devra être discuté est sans ambiguïtés. Il identifie clairement les atteintes aux droits humains dans le royaume.

Ce texte de résolution, dont nous détenons une copie, met en avant le cas du journaliste Omar Radi. « Vu l'article 144, paragraphes 5 et 132, paragraphe 4, de son règlement intérieur l'UN, considérant que le journaliste d'investigation indépendant Omar Radi, qui a couvert les manifestations du Hirak et les scandales de corruption d'État, est détenu depuis juillet 2020 et condamné à six ans de prison pour de fausses accusations d'espionnage, ainsi que pour des accusations de viol en juillet 2021, que sa peine a été confirmée en appel en mars 2022, considérant que de nombreuses garanties d'une procédure régulière ont été violées, rendant le procès intrinsèquement inéquitable et partial, considérant que ces violations comprenaient une détention provisoire prolongée d'un an sans justification et l'impossibilité d'accéder à son dossier et à deux témoins clés de la défense, qui ont été empêchés de comparaître devant le tribunal, que M. Radi a formé un pourvoi devant la Cour de cassation, considérant qu'il a reçu le prix Reporters sans frontières de la liberté de la presse 2022 », peut-on lire dans l'introduction qui se poursuit en citant d'autres journalistes.

« Considérant que le journaliste Taoufik Bouachrine est détenu depuis février 2018 et a été condamné en appel en septembre 2021 à 15 ans de prison pour délits sexuels, considérant qu'il y a eu des violations majeures des garanties d'une procédure régulière dans le cas de Soulaiman Raissouni, qui a été condamné en février 2022 à une peine de cinq ans de prison pour délits sexuels lors d'un procès inéquitable, considérant que la liberté de la presse au Maroc n'a cessé de se détériorer, chutant à la 135e place du classement mondial de la liberté de la presse 2022, considérant que de nombreux journalistes, comme Ignacio Cembrero, ont été sous surveillance numérique, ont été intimidés et harcelés judiciairement, et condamnés à de longues peines de prison, comme Maati Monjib », énumère donc la résolution de l'UE les cas d'atteintes à la liberté d'expression au Maroc.

Pegasus et surveillance de journalistes

Devant cette situation l'Union européenne « exhorte les autorités marocaines à respecter la liberté d'expression et la liberté des médias, à garantir aux journalistes emprisonnés, en particulier à Omar Radi, Souleiman Raissouni et Taoufik Bouachrine, un procès équitable avec toutes les garanties d'une procédure régulière, à obtenir leur libération provisoire immédiate et à cesser le harcèlement de tous les journalistes, leurs avocats et leurs familles ; prie instamment les autorités de remplir leurs obligations internationales en matière de droits de l'homme conformément à l'accord d'association UE-Maroc »

L'Union européenne condamne « fermement l'utilisation abusive d'allégations d'agressions sexuelles pour dissuader les journalistes d'exercer leurs fonctions, estime que cette utilisation abusive met en danger les droits des femmes ». Dans cette résolution, l'institution européenne se dit « préoccupée par les allégations selon lesquelles les autorités marocaines auraient tenté de corrompre des membres du Parlement européen ».

Le parlement européen « demande instamment aux autorités marocaines de mettre fin à leur surveillance des journalistes, y compris via le logiciel espion Pegasus de NSO, et d'adopter et mettre en œuvre une législation pour les protéger, prie instamment les États membres de cesser d'exporter des technologies de surveillance vers le Maroc, conformément au règlement sur les doubles usages ».

Il « demande la libération immédiate et inconditionnelle du finaliste du prix Sakharov 2018, Nasser Zefzafi, demande la libération de tous les prisonniers politiques, condamne les violations des droits des manifestants pacifiques et des militants de la diaspora, déplore les procès et les condamnations entachés d'irrégularités de 43 manifestants du Hirak, ainsi que leur torture en prison ». Dans le dernier point de cette résolution, ce parlement demande à « l'Union européenne et à ses États membres de continuer à soulever auprès des autorités marocaines les cas de journalistes détenus et de prisonniers d'opinion et d'assister à leurs procès et invite l'UE à user de son influence pour apporter des améliorations concrètes à la situation des droits de l'homme au Maroc ».

La résolution a été votée par l'Union européenne

Le parlement européen a voté, à une grande majorité, la résolution condamnant les agissements du Maroc par rapport aux journalistes condamnés à la prison. En effet, ce jeudi 19 janvier marque la fin de l'immunité dont bénéficie le Maroc. Ce texte d’urgence, sur les journalistes emprisonnés et la détérioration continue de la liberté de la presse, a été adopté par 356 eurodéputés alors que 32 se sont opposés et 42 eurodéputés se sont abstenus.

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