Entre l'Algérie et le Maroc, tout peut devenir sujet de discorde et de polémiques. Les deux pays sont rivaux sur plusieurs plans, y compris le patrimoine. Ils se disputent la paternité du couscous, du Zellige et également du Raï, chanson classée récemment au patrimoine universel de l'UNESCO au nom de l'Algérie.
Ainsi, ces deux pays de l'Afrique du Nord qui ont une histoire commune sur plusieurs plans vont encore se disputer. Cette fois, c'est la paternité du caftan qui alimente les « débats ». Cet habit traditionnel considéré comme un habit algérien fait également partie des habitudes vestimentaires des marocains lors de fête et de grandes cérémonies. Désormais, le Maroc veut inscrire le caftan sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Il a accueilli, le 2 février 2023, un atelier national marquant le début de la campagne et des préparatifs de la candidature.
Cette campagne est menée à un haut niveau. Le ministère marocain de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication est à l'origine de cette quête. Cependant, cela risque de déclencher l'ire de l'Algérie, qui revendique également cet habit traditionnel comme partie intégrante de sa culture.
Cet habit pourra également être revendiqué par plusieurs autres pays. Selon Wikipédia, « le caftan est une tunique longue portée dans diverses régions à travers le monde, au Moyen-Orient, au Maghreb et aussi en Asie centrale, en Perse (qui englobait l'actuel Iran ainsi que d'autres états), dans l'Empire moghol sous la dynastie fondée par Babur, dans certains états indépendants de l'actuelle Italie comme la République de Venise, dans l'Empire omeyyade et l'Empire ottoman. Le terme recouvre une grande variété de tuniques longues existant ou ayant existé à différentes époques ».
Le Maroc risque donc de s'attirer les foudres de ces pays qui considèrent que cet habit leurs appartient aussi. Mais vu la rivalité avec l'Algérie, la polémique va certainement s'amplifier durant les jours à venir entre les deux pays. « C'était une industrie de Tlemcen transportée à Fès. Ils y apportaient également des selham (burnous) et des caftans », affirment certains historiens pour dire que cet habit a été exporté de l'Algérie vers le Maroc. « Avec la création puis le rayonnement de l’Empire Ottoman, le caftan évoluera selon les goûts et les modes importées d’Europe et d’Asie, cette évolution suivra son cours dans un autre continent qui sera l’Afrique à partir du XVIème siècle lorsque l’Algérie dépendait d’Istanbul », ajoutent ces historiens.
« Le génie des artisans algériens donnera un nouvel aspect au caftan venu d’Asie en lui incorporant des motifs luxueux hérités du faste des anciennes dynasties berbero-arabes. Par la suite, plusieurs types de caftans feront leur apparition en Algérie, tout en respectant le patron originel, c’est-à-dire une longue tenue ouverte en son centre. Le caftan algérien charmera la plus haute société algérienne, mais aussi celle du Sultanat de Fès (actuel nord du Maroc) suivant la mode vestimentaire venue d’Algérie. Il faudra attendre le milieu du XIXe siècle pour que le caftan soit popularisé chez les populations du Sultanat de Fès par le biais des immigrations massives de familles algériennes venues chercher refuge pour fuir la colonisation française », soulignent encore des historiens pour dire que cet habit, avant d'arriver au Maroc, était un habit fabriqué et porté en Algérie. .
Cependant, il faut souligner que le caftan a été inscrit, en 2022, sur la liste de l’Organisation du monde islamique pour l’Éducation, les Sciences et la Culture (ICESCO) comme patrimoine immatériel musulman. Le Maroc veut donc s'attribuer cet habit au détriment de tous les pays qui le revendiquent.