Amnesty dénonce le harcèlement d'un journaliste par le Maroc

Ignacio Cembrero, journaliste espagnol, espionné par le Maroc avec Pegasus

Le Maroc n'en finit pas avec ses déboires avec la liberté de la presse. Après la résolution du Parlement européen demandant de libérer des journalistes incarcérés au Maroc, c'est au tour de l'ONG Amnesty International de demander au Royaume l'arrêt du harcèlement d'un journaliste. L'ONG de défense des droits de l'Homme exige dans son communiqué, publié ce mercredi 15 février, de « mettre fin aux poursuites et au harcèlement » du journaliste espagnol Ignacio Cembrero.

Ce journaliste fait les frais de l'offensive pour « intimider » les journalistes qui ont fait éclater le scandale Pegasus. Ignacio Cembrero « attend une décision du tribunal de première instance de Madrid après avoir témoigné le 13 janvier suite à une nouvelle plainte du Royaume du Maroc », rappelle cette ONG, qui estime que le journaliste et écrivain « n'est pas poursuivi pour son travail journalistique comme à d'autres occasions, mais pour avoir prétendu avoir été espionné au moyen du logiciel de surveillance Pegasus, développé par la société israélienne NSO Group ».

En effet, Ignacio Cembrero a répondu, le 13 janvier, à sa 4e procédure judiciaire pour une plainte du Maroc. Pour l'avocat du journaliste, il s'agit ni plus ni moins d'un « harcèlement » du Royaume qui chercherait à « faire taire » son client. Ce journaliste avait demandé que la plainte du royaume soit rejetée. « Nous osons dire qu’il s’agit simplement d’une action judiciaire par laquelle un État étranger cherche à faire taire un journaliste espagnol », avait plaidé son avocat.

Amnesty réclame une enquête sur l'implication du Maroc dans l'espionnage

C'est dans ce contexte qu'Amnsety international a souligné que le Maroc exige « que le journaliste revienne sur ses affirmations liant le gouvernement marocain à l'espionnage numérique dont ont été victimes plusieurs journalistes, avocats et membres de la société civile ». L'ONG indique que « c'est la quatrième fois que les autorités marocaines tentent de faire taire le reporter par une action en justice, dans le cadre de leur stratégie visant à faire taire toute voix critique à l'égard de leurs politiques ».

Amnesty rappelle que déjà en « 2014, le bureau du procureur général et la Cour nationale ont déposé une plainte et un procès respectivement contre lui pour "glorification du terrorisme ». Et un an plus tard, un homme d'affaires lié aux services secrets marocains l'a poursuivi pour « atteinte à l'honneur », accusation dont il a été acquitté à l'issue d'un procès civil.

Elle affirme qu'«Ignacio Cembrero n'aurait pas dû avoir à affronter ce procès absurde dans lequel il est demandé que la victime éventuelle d'un crime tel que l'espionnage ne puisse pas en parler. Le harcèlement et la persécution constante dont fait l'objet Cembrero de la part des autorités marocaines doivent cesser immédiatement ».

Pour le directeur d'Amnesty International en Espagne, Esteban Beltrán, « il s'agit d'une atteinte à sa liberté d'expression (celle du journaliste) et d'un avertissement pour tous ceux qui veulent dénoncer leur politique (politique du Maroc) ».

Amnesty International ne demande pas seulement l'acquittement du journaliste, mais réclame aussi du gouvernement espagnol d'encourager « le ministère public à mener une enquête indépendante sur l'espionnage dont il aurait fait l'objet ».

Il faut rappeler que l’implication du Maroc dans ce qui est communément appelé « l'affaire Pegasus » a été confirmée en haut lieu. Dans son rapport publié le 8 novembre 2022, l’Union européenne a même énuméré les victimes de l’utilisation de ce logiciel espion par le Maroc.

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